Dominik Wujastyk

1espaces savantslieubibliothèque espaces savantslieutemple espaces savantsterritoirecapitale espaces savantsterritoirevilleLa ville de Thanjavur, dans le sud de l’Inde, offre aujourd’hui au visiteur l’aspect d’une capitale de province nantie de deux grands monuments culturels. Le premier est le temple de Bṛhadīśvara (le grand seigneur), l’un des temples les plus beaux de toute l’Inde, qui fut fondé il y a presque mille ans par le roi Rājarājeśvara, de la dynastie Coḷa (fl. 985-1016). Le second est une bibliothèque. Il s’agit de la bibliothèque Sarasvatī Mahal du Maharaja Serfoji de Thanjavur (Thanjavur Maharaja Serfoji’s Sarasvatī Mahal Library – TMSSML). S’il soupçonne que la longueur de ce nom cache une histoire complexe, le visiteur ne se trompe nullement. La bibliothèque existe depuis quatre cent cinquante ans. Elle abrite les livres, les œuvres musicales et picturales de nombreuses générations de savants et d’artistes du sud de l’Inde. Elle fut aussi comme le foyer du monde socio-intellectuel qui l’entourait, dont elle rendait possibles toutes les activités. Le temple de Bṛhadīśvara – qui est avant tout un espace religieux, bien entendu – formait avec la bibliothèque une sorte de scène où l’on pouvait entendre de nouvelles pièces de musique dévotionnelle ou assister à la représentation de nouvelles compositions théâtrales. C’est ainsi que lorsqu’il fit jouer son drame Jīvānandanam [La Joie de la vie], vers 1700, Ānandarāya Makhin fit observer que la représentation avait lieu lors du festival annuel du temple :

Ici, à Thanjavur, les citadins, mais aussi les habitants des environs et de plus loin encore sont venus en foule assister à la procession de Bṛhadīśvara. […] Mon cœur est impatient d’honorer tous ceux qui sont présents en leur offrant un spectacle1.

2acteurs de savoirstatutfondateurÀ Ānandarāya, le festival fournissait un public nombreux pour la pièce didactique et allégorique qu’il avait composée. Nous avons la preuve que cette utilisation du temple remonte presque à son origine : une inscription du xi e siècle donne des instructions relatives à la représentation annuelle d’une pièce sur la vie du fondateur2.

3inscription des savoirsvisualisationvisualisation de l’informationlisteLe temple était aussi porteur de récits historiques – ce qu’il faut entendre d’une manière parfaitement littérale : d’amples pans de mur y sont couverts d’inscriptions relatives à l’histoire de la ville3. Ces inscriptions comportent notamment la liste millénaire des bergers auxquels il incombe de fournir, chaque jour, le beurre clarifié qui alimente les lampes du temple (et ce, bien que le temple possède son propre bétail). On peut y lire une liste de quarante-huit chantres responsables des hymnes au dieu Śiva, pour lesquels ils étaient accompagnés par deux tambours, et la liste des émoluments à verser aux quatre cents danseuses (dont peut-être la sœur aînée du roi) venues des villages et des temples situés hors de Thanjavur. On y trouve les listes des serviteurs du temple, parmi lesquels des maîtres de danse, des musiciens, soixante tambours supplémentaires, des chanteurs, des comptables, des porteurs de parasol, des allumeurs de lampe, des porteurs d’eau, des potiers, des laveurs, des barbiers, des astrologues, des tailleurs, des charpentiers et un orfèvre. Dans la plupart des cas, des instructions formelles précisent que ces fonctions doivent par la suite être exercées indéfiniment par les descendants des titulaires désignés. Un roi alloua une portion quotidienne de riz aux acteurs de la troupe chargée de représenter la vie du roi fondateur. Des centaines de communautés villageoises de la région environnante sont mentionnées : il leur faut envoyer des étudiants brahmaniques qui rempliront les offices de serviteurs du temple et de veilleurs ; nombreux étaient aussi les villages qui payaient des impôts au temple, en or ou en nature – certains fort éloignés, comme le prouve la mention de cinq villages situés au Sri Lanka. Le temple était donc une église, un théâtre, un lieu de réunion, une salle de danse, une blanchisserie et un restaurant, ainsi qu’un livre. Les rois de Thanjavur écrivaient sur les murs du temple le récit de leurs exploits guerriers et le détail de leur histoire dynastique ; ce fut le cas jusqu’au xix e siècle, puisque l’on sait que le roi Serfoji II de la famille de Bhonsle fut le commanditaire du Bho sala Va śa Caritra [Chronique de la famille de Bhonsle], gravé en 1803 sur les parois de l’un des sanctuaires secondaires inclus dans le complexe du temple4.

4espaces savantslieubibliothèque espaces savantslieutempleOutre Thanjavur, son grand temple et sa bibliothèque, le delta du fleuve Kaveri contenait dans ses villes et villages des centaines de communautés de fermiers, qui entretenaient un réseau de savants brahmanes. Aujourd’hui, il suffit d’une vue aérienne de la région pour s’apercevoir de la richesse de cette zone agricole, dont les cultures sont baignées par d’innombrables cours d’eau et leurs affluents : elle est un immense jardin de rizières, de cocotiers et de plantations de canne à sucre ou de bananiers. En 1599, un jésuite décrivait la région qu’il visitait comme « une contrée agréable, ornée de plantations et de ruisseaux, riche d’un sol fertile et dotée d’un air des plus sains5 ». Ce surplus agricole de la zone du delta permit à ses maîtres successifs de lever pendant des siècles leurs impôts, qui produisirent une prodigieuse floraison culturelle et intellectuelle.

La naissance d’une culture littéraire régionale

5inscription des savoirslivrecollection éditoriale espaces savantsterritoirecentreLes souverains de la dynastie Coḷa commencèrent la construction du grand temple et firent de Thanjavur un centre religieux et culturel. Mais ce furent les rois et les ministres de leurs successeurs, les Nāyaka, qui orientèrent la région vers les pratiques savantes, en encourageant l’étude du sanskrit et en collectionnant les manuscrits qui devaient constituer le noyau de la grande bibliothèque.

6Le roi Śevappa Nāyaka (fl1532-1580 env.) fonda la dynastie des Nāyaka de Thanjavur vers 1532 6. Son père, Timmappa Nāyaka, gouvernait déjà un territoire situé dans le nord de l’Arcot, près de l’actuelle Chennai. La famille se considérait comme investie de la régence du royaume de Vijayanagar, à l’extrême nord de ce qui est devenu le Karnataka. Ses membres utilisaient par exemple dans leurs inscriptions royales le système de datation fondé sur les années du règne du monarque vijayanagara. Selon une chronique, l’épouse de Śevappa, Mūrtimāmba, qui était la belle-sœur du roi Acyutadeva de Vijayanagar, lui apporta la principauté de Thanjavur dans sa dot7.

7Śevappa eut un règne long, prospère et presque entièrement paisible. On souligne sa générosité ; il fit construire des temples et des citernes, qu’il entretint ensuite, de même qu’il offrit à des communautés de brahmanes des terres exemptes d’impôts. De confession vishnouite, il fit profiter de ses bienfaits les bouddhistes autant que les musulmans. Il semble même avoir toléré, voire permis ou suscité, l’activité commerciale et religieuse des Portugais, dans le port en pleine expansion de Nagapattinam, sur la côte est de Thanjavur. Dans la dernière partie de son règne, ou peut-être après qu’il eut quitté le trône, Śevappa s’assura les services d’un érudit brahmane, Govinda Dīkṣita, qui remplit auprès de lui les fonctions de prêtre et de conseiller (purohita). Les deux hommes travaillèrent à un ambitieux programme de régénération culturelle8.

8Acyutappa, le fils de Śevappa, accéda au pouvoir en 1580. Il entreprit plusieurs expéditions militaires à la fin du xvi e siècle, afin de défendre Thanjavur contre les Nāyaka du sud de l’Inde – en particulier contre ceux de Madurai – et afin de prêter main-forte à l’empereur du Vijayanagar, comme il le devait. Quelques nouvelles de ses exploits atteignirent même l’Europe vers 1600 : ils étaient rapportés par les jésuites dont les lettres furent reproduites dans le recueil de récits de voyage que publia Samuel Purchas à Londres en 1625 9. Tout comme son père, Acyutappa favorisa le développement du savoir et consacra des fonds substantiels à la réparation ainsi qu’à l’expansion de nombreux temples dans le delta du fleuve Kaveri. À Śrīraṇṅgam, il prodigua sans compter l’or et les pierreries pour orner le sanctuaire et fit édifier un jardin à côté du temple. Il finança également la construction d’églises chrétiennes à Thanjavur et à Tranquebar 10. Chaque année, il avait coutume de donner son poids en or à des œuvres de bienfaisance. Sous le règne d’Acyutappa, Govinda Dīkṣita continua lui aussi à faire de somptueuses offrandes aux temples. Deux inscriptions qui nous sont parvenues enregistrent les dons en argent faits par Acyutappa à Govinda en reconnaissance de ses mérites, en 1588 et 1596 11. Acyutappa déclarait qu’il nourrissait quotidiennement un millier de brahmanes12. Nous voyons qu’à cette époque des richesses importantes circulaient au sein de la Cour, parfois destinées aux temples ou allouées à des prêtres et à des savants.

9construction des savoirslangage et savoirslanguesanskrit Acyutappa nomma son fils Raghunātha régent assez peu de temps après le début de son propre règne. Le jeune prince était à la Cour un favori, choyé par son père et par son grand-père Śevappa, autant qu’applaudi pour ses remarquables aptitudes intellectuelles. Une large part des renseignements que nous possédons sur la vie de Raghunātha nous vient des écrits des membres de son cercle : ceux de Govinda Dīkṣita, de Rāmabhadrāmba, une poétesse de la Cour, d’Yajṇanārāyaṇa, l’un des fils de Govinda Dīkṣita, et du propre fils du roi, Vijayarāghava, qui fut aussi son successeur sur le trône13. Raghunātha eut notamment pour précepteur Govinda Dīkṣita et montra un talent prometteur dans les lettres sanskrites et les arts martiaux. Il aurait écrit des pièces de théâtre et des poèmes en sanskrit et en telugu14 ; on rapporte qu’il était aussi bon musicien. Par la suite, il lui arriva même d’enseigner les différentes disciplines sanskrites, puisque Yajṇanārāyaṇa dit avoir été dirigé par Raghunātha dans son étude de la littérature et de la poésie (sāhitya). Le roi distribuait encore divers prix et gratifications aux érudits et faisait venir à sa cour de savants professeurs. À une autre échelle que tous les Nyāka ayant gouverné Thanjavur avant lui, Raghunātha fut un écrivain et un musicien original en même temps qu’un mécène.

Figure 1. Statues du temple de Thanjavur.
Statues du temple de Thanjavur.

10Comme nous l’avons vu, les liens de Govinda avec la cour de Thanjavur durèrent de 1575 à 1634 environ. En l’espace de quelque soixante ans, il fut au service des trois Nāyaka que nous avons évoqués : Śevappa, son fils Acyutappa (fl. 1560-1614) et son petit-fils Raghunātha, roi de 1600 à 1633. Tout au long de cette période, son influence sur cette cour du sud de l’Inde dans les matières intellectuelles et administratives, mais aussi sur la culture dans tout le delta, fut on ne peut plus grande.

11typologie des savoirssavoirs non canoniquesoccultismeastrologie pratiques savantespratique artistiquepratique musicale espaces savantslieumonastère typologie des savoirsdisciplinessciences humaines et socialesphilosophieToutes les sources s’accordent pour dire que Govinda était issu d’une famille pauvre du Karnataka, peut-être de Mysore, et qu’il donna très jeune des preuves de sa vivacité d’esprit. L’un de ses huit fils, Yajṇanārāyaṇa Dīkṣita, écrivit plus tard que Govinda était un grand connaisseur de la philosophie advaita vedānta et qu’il maîtrisait aussi les six systèmes classiques de la philosophie indienne15. Un autre de ses fils, Veṅkaṭeśvara Dīkṣita, dit que son père avait rétabli la philosophie advaita de Śaṅkara. Ce lien familial avec la philosophie advaita vedānta se manifeste encore dans le fait que l’un des descendants de Veṅkaṭeśvara fut Candraśekharendra Sarasvatī Vi, supérieur du monastère de Śaṅkara à Kaṇcīpuram de 1814 à 1851 16. Govinda était un brillant astrologue autant qu’un musicien doué : parmi les rares productions de sa plume à avoir survécu, il y a un traité de théorie musicale17. C’était également un maître respecté dans le domaine du dharma. Nous avons des témoignages sur son rôle judiciaire dans une dispute mettant aux prises des fileurs et des marchands, à Paṭṭīśvaram en 1634 18. De même, nous a été conservé un compte rendu de ses discussions privées avec le roi Acyutappa et le prince Raghunātha lorsque le cabinet projetait la campagne militaire qui repoussa de Jaffna les forces portugaises19.

Figure 2. Vue du temple de Bṛhadīśvara, à Thanjavur.
Vue du temple de Bṛhadīśvara, à
            Thanjavur.

12pratiques savantespratique discursiverécitation acteurs de savoirstatutélève espaces savantslieuécoleD’étonnantes statues de Govinda et de son épouse Nāgāmba se trouvent toujours dans le temple de Paṭṭīśvaram ; on peut voir un portrait de lui dans le temple de Mannarguḍi 20. Govinda Dīkṣita jouit encore aujourd’hui d’un grand renom dans la région de Thanjavur en tant que mécène, bienfaiteur et éducateur. Des rues portent son nom dans la ville de Thanjavur elle-même, comme les villages de Govindakuḍi et d’Ayyampettai, près de Paṭṭīśvaram. À Kumbakonam, on lui attribue la réparation et l’agrandissement du réservoir d’eau de Mahāmagham, qui couvre cinq hectares, ainsi que l’édification des seize temples qui l’entourent. Govinda Dīkṣita fonda dans cette même ville une école sanskrite ( haśālā) encore en activité de nos jours, où une centaine d’élèves apprennent à réciter les quatre Veda.

L’émergence d’un réseau

13construction des savoirslangage et savoirslanguesanskrit pratiques savantespratique artistiquepoésie construction des savoirspolitique des savoirsmécénat Govinda Dīkṣita était une figure centrale dans le champ intellectuel de la région de Thanjavur vers 1600. Nous avons vu que ses mécènes, les rois de Thanjavur, avaient eux-mêmes une culture musicale et littéraire, et qu’ils composaient des œuvres en sanskrit et en telugu. Deux des fils de Govinda, Yajṇanārāyaṇa et Veṅkaṭeśvara, furent de remarquables érudits. Le premier, formé par Govinda et par le roi Raghunātha, outre un ouvrage de rhétorique et de poétique, rédigea deux opuscules biographiques sur la Cour, principalement consacrés à la figure du roi21. Le second écrivit un ensemble de travaux théoriques concernant l’herméneutique liturgique (mīmā ), le rituel, la trigonométrie et la musique22. Les descendants de Govinda semblent avoir poursuivi cette tradition lettrée pendant plusieurs siècles : l’érudit Vaṇceśvara Yajvan (également connu sous le nom de Kuṭṭikavi), lorsqu’il rédigea vers 1830 son traité d’herméneutique liturgique, rappela que Govinda était son ancêtre par sa lignée maternelle23.

14construction des savoirspolitique des savoirssavoir de cour Govinda Dīkṣita, bien que plus âgé, était le contemporain du fameux écrivain et philosophe Appaya Dīkṣita (vers 1520-1592)24, auquel on doit plus d’une centaine de livres de critique littéraire, de poétique, de rhétorique et des travaux variés sur des sujets religieux et philosophiques. Ils eurent une influence l’un sur l’autre dans le domaine de l’herméneutique liturgique. Ces liens savants entre les familles passèrent aux générations suivantes, car le petit-neveu d’Appaya Dīkṣita, Nīlakaṇṭha Dīkṣita (1580-1644 env.), qui fut un poète renommé et l’administrateur de la cour de Madurai, fut formé par Veṅkaṭeśvara, le fils de Govinda. Les élèves et descendants de Nīlakaṇṭha constituèrent jusqu’au xx e siècle une lignée d’intellectuels en vue ; on peut citer le nom de T. Gaṇapati Śāstrī, éditeur réputé de manuscrits sanskrits installé à Trivandrum, au Kerala, et dont les éditions critiques sont encore aujourd’hui réimprimées et utilisées par les savants25.

15Ce ne sont là que quelques-uns des érudits qui firent la gloire de Thanjavur au début du xvii e siècle, mais leur vie montre bien cet entrelacement des liens intellectuels, politiques et familiaux qui caractérise si nettement l’époque.

16espaces savantscirculationréseauBien que peu d’écrits survivent de la production de Govinda Dīkṣita, sa réputation de savant et de mécène apparaît avec évidence dans le corpus des inscriptions et dans les références occasionnelles que contiennent les ouvrages de ses fils, de ses contemporains et de ses successeurs. Le soutien qu’il a apporté à la culture sanskrite et le réseau de savants qui s’est développé autour de lui, et plus largement à la cour de Thanjavur, furent le levain de la grande bibliothèque.

17espaces savantslieubibliothèqueLa première allusion à la bibliothèque Sarasvatī de Thanjavur sous sa forme originelle se trouve dans l’une des biographies de Raghunātha. Le fils du roi, Vijayarāghava, décrit en telugu le palais de son père : on peut y voir, dit-il, « une vaste salle où les employés (samprati) et les comptables (kara am) du palais se livrent aux tâches qui leur sont dévolues26 ». Cette description correspond presque parfaitement à la bibliothèque que l’on observe aujourd’hui, au point que l’on se demande si l’emplacement de l’édifice n’est pas le même. Le mot telugu sampratidésigne un comptable ou un employé chargé de contrôler et de comparer des registres. Comme on l’a suggéré, les kara am étaient bien plus que cela27. Leur rôle était de tenir les archives dynastiques et de rédiger les chroniques et les histoires de la Cour. Ainsi Vijayarāghava nous livre-t-il peut-être un croquis de l’endroit de la bibliothèque où l’on rassemblait, composait et collationnait les manuscrits. Assurément, l’activité de création et de recherche était telle à la Cour qu’il fallait fournir de nombreuses copies des travaux savants qui y étaient diffusés et échangés.

18C’est ainsi qu’un réseau fort actif de spécialistes de sanskrit et de telugu, mais aussi une bibliothèque propre à nourrir leur production se mirent en place à Thanjavur dès le début du xvii e siècle. Ils se développèrent jusque dans les années 1670 sous le règne de Vijayarāghava Nāyaka. Mais la dynastie connaissait alors ses derniers moments. Une série de désastres allait mettre fin au pouvoir des Nāyaka de Thanjavur – ce qui ouvrirait en même temps de toutes nouvelles perspectives culturelles à la région.

L’installation d’une nouvelle dynastie à Thanjavur

19acteurs de savoircommunautéfamilleUne sœur de Raghunātha avait été unie, selon la coutume, à un héritier de la maison royale de Madurai 28. Lorsqu’elle entra dans la ville, la mariée déclara à son époux Tirumala que le palais était certes joli, mais n’avait pas le faste de celui de son père à Thanjavur. Ce commentaire malheureux lui valut d’être aussitôt poignardée. On conçoit que cela ait entraîné une brouille entre les deux familles. Cependant, quelques décennies plus tard, dans les années 1670, le roi de Madurai Cokkanātha Nāyaka envoya une ambassade auprès de Vijayarāghava, afin de demander que la tradition reprenne et qu’une princesse lui soit proposée pour épouse. Vijayarāghava, furieux que l’on puisse imaginer qu’il pardonnerait l’ancien outrage, renvoya l’ambassade. Cokkanātha, se considérant à son tour insulté, marcha sur Thanjavur avec son armée. À la nouvelle que Vijayarāghava et son fils étaient morts dans la bataille, toutes les femmes du harem royal se tuèrent, suivant les ordres donnés au préalable, pour que la victoire de l’adversaire soit vaine. La seule personne qu’une lavandière parvint à faire échapper du harem fut un enfant de quatre ans nommé Ceṅgalmaladās. Cokkanātha installa son propre frère de lait, Aḷagiri, sur le trône de Thanjavur 29. Après plusieurs années de confusion et de disputes, le sultan de Bijapur finit par dépêcher l’un de ses généraux, le marathe Ekoji, qui eut pour mission de rétablir l’ordre en rendant le pouvoir à l’enfant réchappé du massacre. Mais, devant les difficultés qu’on lui opposait, l’envoyé prit en personne possession du royaume. Ce fut le commencement d’une période de paix et de grand épanouissement culturel.

20Sous le règne d’Ekoji et de la très instruite et très écoutée Dīpāmba, sa femme, Thanjavur redevint un foyer vivace des cultures sanskrite, tamoule, telugu et désormais aussi marathe. La danse, la musique et la peinture retrouvèrent leur effervescence, et des spécialistes venus de toute l’Inde du Sud affluèrent afin de participer aux activités de la nouvelle cour.

21inscription des savoirslivrecollection éditorialeC’est à la fin du xvii e siècle, sous le règne du fils aîné d’Ekoji, qu’il se produisit un événement qui transforma la modeste collection royale qu’était encore la bibliothèque du palais en un centre culturel de première importance.

La fondation d’une communauté savante

22acteurs de savoirstatutsavant acteurs de savoircommunautéEn 1693, ou peu avant, le roi de Thanjavur Śāhaji (régnant de 1684 au 28 septembre 1711 30) établit près de la ville une communauté savante, dans le village de Tiruviśainallūr 31, sur les rives de la Kaveri32. Plus précisément, il fit en sorte que les maisons et les terres du village soient concédées à perpétuité et avec une totale exemption d’impôts à un groupe de quarante-six savants et à leurs descendants33. Certains s’y installèrent eux-mêmes, d’autres vinrent habiter à Thanjavur. Mais ils formaient bien une communauté intellectuelle, constituée en un réseau non seulement par leurs travaux de recherche, mais également dans de nombreux cas grâce à leurs liens familiaux et géographiques. Au cours des années qui suivirent, ce groupe allait donner une production surabondante d’ouvrages sur tous les aspects des arts et de la science, notamment sur la linguistique, la théologie, la philosophie, le droit et la morale, le théâtre et la médecine. Les manuscrits en sont maintenant conservés dans la bibliothèque de Thanjavur. Un grand nombre de ces œuvres ont été imprimées, mais elles demeurent majoritairement sous une forme manuscrite et attendent encore de prendre place dans l’édifice de nos connaissances.

23Tiruviśainallūr est un charmant hameau, situé non loin du grand centre religieux qu’est la ville de Kumbakonam. Il se trouve à une soixantaine de kilomètres de Thanjavur, mais une telle distance ne représentait pas un obstacle pour les rois. Vijayarāghava Nāyaka, par exemple, avait

espaces savantslieutemplepour habitude d’aller chaque jour de Thanjavur au temple de Śrīrangam, à 3 āmaḍa [50 km] de la cité. En route, il changeait cinquante fois de boyees [porteurs de palanquin]. Il partait à l’aurore, se livrait au culte du Dieu et ne revenait qu’après 16 ghaḍi [12 h 24]34.

24L’un des premiers arrivés à Tiruviśainallūr, en 1693, fut le grand Rāmabhadra Dīkṣita (actif à partir de 1638), qui vint s’installer dans ce nouveau centre depuis son village natal de Kaṇḍaramāṇikyam, lieu unique qui donna à l’Inde du Sud ses intellectuels les plus éminents des xvii e et xviii e siècles 35. Le document en marathi qui accorde la propriété des terres à cette sorte de College stipule que Rāmabhadra devait recevoir quatre parts de la donation, soit un lot supérieur à celui des autres érudits, sans doute en reconnaissance de la réputation non négligeable qu’il possédait déjà36. Sa seule présence constituait pour l’institution nouvelle une garantie de sérieux et de probité telle qu’elle était assurée d’attirer savants et étudiants.

25pratiques savantespratique artistiquethéâtre typologie des savoirsdisciplinessciences humaines et socialessciences du langagelinguistique Rāmabhadra était en effet une figure centrale de l’époque. Son éducation avait fait de lui l’héritier de certains des plus grands maîtres. Son enseignement et sa production savante amplifièrent et transmirent cet héritage. Ses professeurs furent principalement Cokkanātha Dīkṣita, Nīlakaṇṭha Dīkṣita (1580-1644 env.), et Bālakṛṣna Bhagavatpāda. Cokkanātha vivait dans le village natal de Rāmabhadra et joua un rôle de père pour l’enfant, dont la famille était pauvre. Le temps venu, ce dernier épousa la fille de son maître. Cokkanātha écrivit lui-même plusieurs ouvrages de linguistique sanskrite (vyākara a)37 et enseigna cette discipline à Rāmabhadra. La linguistique demeura au cœur de sa vie intellectuelle et fut le socle de sa brillante réputation. Mais il composa également de la poésie et du théâtre ; sa pièce Jānakīpari aya était encore un classique étudié dans les écoles du sud de l’Inde au début du xx e siècle. Ses talents littéraires s’épanouirent sous la férule de Nīlakaṇṭha Dīkṣita, auteur de seize ouvrages poétiques, satiriques ou dramatiques, sans compter deux traités sur la pratique religieuse du śākta (le culte de la déesse) et sur la linguistique sanskrite38. Puisque Nīlakaṇṭha résidait à Madurai, il est probable que Rāmabhadra s’y rendait pour étudier sous sa direction. Comme nous l’avons vu, Nīlakaṇṭha avait pour aïeul le célèbre Appaya Dīkṣita, c’est-à-dire l’intellectuel le plus important de l’Inde du Sud au début du xvii e siècle. Nīlakaṇṭha connaissait personnellement Appaya. Sa carrière d’enseignant débuta par des cours fondés sur un manuscrit du Devīmāhātmya dont le grand homme lui avait fait présent lorsqu’il avait douze ans39. Ainsi, par l’intermédiaire de Nīlakaṇṭha, Rāmabhadra était en contact avec la lignée savante la plus respectée de son époque, et il put en apporter l’autorité à l’institution qui voyait le jour. Son troisième maître, Bālakṛṣna Bhagavatpāda, lui enseigna le vedānta. Rāmabhadra composa pour sa part au moins treize ouvrages, traités de linguistique théorique, recueils de poésie et pièces de théâtre40.

26construction des savoirstraditionreligionUn autre membre remarquable de la communauté de Tiruviśainallūr fut Śrīdharaveṅkaṭeśa, également connu sous le nom de Ayyā Avāḷ et fort célèbre pour sa piété. Il rédigea une importante biographie du roi Śāhaji, le Śāhendravilāsakāvya 41, qui nous fournit d’amples renseignements sur les personnalités de la cour de Thanjavur. Mais ce sont ses chants et ses hymnes religieux qui lui valurent la plus longue postérité. On chante encore ses hymnes aujourd’hui à Tiruviśainallūr, dans ce qui fut sa maison ; cette dernière est devenue un lieu de pèlerinage, et un grand festival de musique s’y tient chaque année. Ses œuvres religieuses ont récemment fait l’objet d’une nouvelle impression, partiellement fondée sur les manuscrits de la bibliothèque Sarasvatī Mahal de Thanjavur 42.

27Il y eut donc, grâce au mécénat du roi Śāhaji, que sa mère Dīpāmbā encourageait dans cette voie43, un renouveau des pratiques savantes. Une nouvelle collection de manuscrits vint alors enrichir les fonds de la bibliothèque de Thanjavur.

28Le roi Śāhaji fut lui-même un écrivain prolifique, auteur de plus de vingt-cinq ouvrages en langue telugu44, et, tout comme lui, les rois de la dynastie marathe de Thanjavur déposèrent une grande partie de leur production dans la bibliothèque, où nous la trouvons à présent. Citons l’exemple de Tulajī (r. 1730-1735), frère cadet de Śāhaji et auteur de plusieurs traités originaux sur des questions de médecine, d’astrologie et de musique45.

29Il est cependant hors de doute que Serfoji II (r. 1798-1833) donna à la bibliothèque une tout autre ampleur. Ce nouvel épisode de l’histoire du lieu est d’une nature sensiblement différente des précédents.

L’apport de Serfoji

30Comme nous l’avons dit, la cour de Thanjavur joua jusqu’à la fin du xviii e siècle le rôle d’un foyer et d’un aiguillon pour le réseau savant très dense qui se développa dans la région du delta de la Kaveri. Serfoji II, par ailleurs, semble avoir tenu à sa cour un grand nombre de spécialistes fortement influencés par ses propres intérêts scientifiques. Cette différence de méthode s’explique par le milieu d’origine et l’éducation de Serfoji, qui étaient tout à fait exceptionnels.

31Avant de mourir, en 1787, son père adoptif Tulajaji confia son fils de onze ans à un ami allemand, un missionnaire protestant, le révérend Christian Friedrich Schwartz (1726-1798)46. Par ailleurs, étant donné les circonstances politiques complexes de son accession au trône en 1798, Serfoji dut céder presque toutes ses prérogatives royales à l’administration de la Compagnie britannique des Indes orientales. Il lui restait une pension plus que confortable, le droit de circuler librement dans son palais et sur les terres alentour, mais il n’avait plus guère à se soucier de l’administration de son royaume, de la conduite des guerres et des occupations royales traditionnelles de ce genre.

32acteurs de savoircommunauté construction des savoirslangage et savoirslanguesanskrit Schwartz communiqua à Serfoji une grande curiosité à l’égard de la nature et un appétit de découverte et de collection, qu’il s’agisse de livres, d’antiquités ou d’objets de toutes sortes. Chez lui, l’étude traditionnelle des philosophies déductives, la maîtrise de l’autorité des textes et le maniement savant des valeurs symboliques devinrent une fascination, empirique et inductive, pour la nature et la science. Si Serfoji était à bien des égards tout aussi pieux et orthodoxe que ses contemporains, ses intérêts étaient souvent ceux d’un intellectuel européen des débuts de l’époque moderne. Lui-même issu de cet étrange mélange d’influences et de curiosités, il présida au grand épanouissement culturel de Thanjavur. Il rassembla à sa cour plus de vingt-cinq savants et poètes marathes et au moins une demi-douzaine de spécialistes pour le sanskrit et autant pour le telugu47. Il créa un centre médical nommé le Dhanvantari Mahal, où des praticiens appartenant à différentes traditions travaillèrent ensemble à guérir les patients, mais aussi à composer et traduire des ouvrages de médecine. Il favorisa les initiatives dans les domaines de la musique, du théâtre didactique, de la cuisine, de la peinture, de la fauconnerie, de la course de chars à bœufs, de la lutte et autres arts ou sports ; parfois, il y prenait part en personne. Il est intéressant de noter que Serfoji fut le commanditaire de nombreuses traductions et compilations, notamment de médecine, de science vétérinaire et d’astrologie. Les originaux étaient habituellement en sanskrit, et ils étaient traduits en tamoul et en marathi. C’est là le reflet d’un changement d’attitude à l’égard du sanskrit. Cette langue était auparavant le vecteur d’une création philosophique vigoureuse ; elle était maintenant une langue de référence, celle de l’autorité, dépositaire des connaissances accumulées. En ce sens, l’intérêt de Serfoji pour le sanskrit était semblable à celui d’un historien moderne. Il étudiait et rassemblait des matériaux dans des sources autorisées, mais ses propres recherches ne passaient plus par le sanskrit : elles étaient menées en marathi, en tamoul et, dans une certaine mesure, en anglais. Conformément à cette position vis-à-vis des systèmes de savoir sanskrits, Serfoji recherchait avec zèle les manuscrits et fut à l’origine de la métamorphose de la Sarasvatī Mahal Library, qui passa de l’état de petite collection de cour à celui de monumentale bibliothèque inter-régionale. Les archives témoignent de beaucoup de ses acquisitions. En 1805, par exemple, Serfoji paya au chef d’une communauté monastique de Varanasi 1000 roupies pour qu’il rapporte de cette ville des manuscrits sanskrits48. Au mois d’octobre 1820, il entreprit personnellement un pèlerinage de dix-huit mois qui le mena de Thanjavur à Varanasi, avec une suite de 3000 hommes49. Si les motifs en étaient complexes, l’un des principaux buts était à n’en pas douter de trouver des manuscrits pour la bibliothèque de Thanjavur. Les journaux du voyage contiennent d’ailleurs bien des notations relatives à l’achat de manuscrits ou à la copie d’ouvrages rédigés en sanskrit et dans d’autres langues indiennes. La bibliothèque actuelle possède une longue liste de manuscrits rapportés de Varanasi par Serfoji 50. C’était le plus riche ajout au catalogue que l’on ait jamais fait en une seule fois.

33Après la mort de Serfoji, son fils Shivaji (r. 1832-1855), le dernier des souverains de Thanjavur, continua d’enrichir massivement la collection de manuscrits et de livres imprimés, parmi lesquels se trouvaient des œuvres sanskrites, mais aussi des publications en anglais importées d’Angleterre même.

34inscription des savoirsgenre éditorialcatalogueEn 1880, le brillant orientaliste Arthur Coke Burnell publia à Londres le premier catalogue moderne de la bibliothèque51. Par là, l’institution faisait son entrée officielle dans la modernité, et ses collections furent désormais connues des chercheurs du monde entier. Burnell estimait à 22 000 le nombre des manuscrits conservés dans la bibliothèque, principalement écrits en sanskrit.

35Dans les années 1980, le nombre total de manuscrits avait atteint 44 000, dont 37 000 en sanskrit52. Cette forte augmentation s’explique en partie par le fait que Burnell n’avait pas tout vu, et en partie également par la poursuite d’une politique d’acquisition. Au xx e siècle, la bibliothèque a décidé de recevoir les collections que lui lèguent les familles de pandits. D’après les chiffres écrits à la craie qui figuraient sur un tableau noir dans le bureau du directeur en 2005, on peut penser que le nombre des ouvrages est encore en augmentation.

Support Manuscrit sur feuille de palmier Manuscrit sur papier Livre imprimé
Sanskrit 18 877 21 068 14 186
Tamoul 5 968   14 390
Marathi   3 080 2 497
Telugu 778 44 1 852
Anglais     12 144
Persan / ourdou   22 6 938
Collection de Serfoji     4 503
Hindi   22 3 369
Total 25 623 24 236 59 879

36acteurs de savoirprofessionconservateur inscription des savoirslivre espaces savantslieubureauEn l’espace de vingt générations à peu près, l’entrelacs des lignées que dessinent les relations familiales, mais aussi les relations entre maîtres, élèves et patrons, a créé des réseaux savants incroyablement complexes dans le delta de la Kaveri. Dans bien des cas, on distingue encore ces lignées au xx e siècle, et parfois de nos jours. Le cœur politique de la région est la ville-temple de Thanjavur, avec sa grande bibliothèque. Celle-ci renferme des milliers de manuscrits qui conservent silencieusement la pensée des érudits de Thanjavur, des villages brahmanes voisins, de l’Inde du Sud et même de tout le sous-continent indien. Aujourd’hui, la bibliothèque est plongée dans une pénombre fraîche ; elle se présente comme une série d’alcôves et de couloirs ouverts entre de vieilles armoires de bois. L’odeur des livres anciens imprègne l’atmosphère, tandis qu’un homme assis passe patiemment de l’huile sur des feuilles de palmier afin de les protéger encore un siècle. Conservateurs et savants discutent par petits groupes de l’administration de la bibliothèque, débattent des points d’histoire, se demandent comment faire fonctionner le courrier électronique. Le spécialiste européen de passage, s’il y en a un, est perché sur un bureau qu’il partage avec quelqu’un d’autre ; il se consacre à la lecture des manuscrits, avec l’intense concentration que mérite une bourse de séjour arrachée de haute lutte. D’une manière peut-être étonnante, la bibliothèque parvient à toucher un large public. Elle possède sa propre revue et un site Internet très complet, muni d’une librairie virtuelle53 ; elle publie en outre une collection qui comporte déjà plus de quatre cents titres, dont un bon nombre plusieurs fois réimprimés. Cette collection s’oriente à présent vers la publication quasi exclusive d’ouvrages et de traductions en tamoul, alors que les premiers livres parus étaient souvent en marathi ou en sanskrit, avec une traduction anglaise. Si l’on compare cette réorientation avec les données du tableau (voir page précédente), on s’aperçoit que la bibliothèque ne joue pas nécessairement ses meilleures cartes – mais elle se plie aux lois de la demande et du marché.

37Tiruviśainallūr est maintenant à une heure et demie de Thanjavur en voiture ; pour se rendre dans ce village, juste à côté de la vieille ville de Kumbakonam, l’ancien centre spirituel, les routes sont bonnes. Dans les familles brahmanes, on se souvient encore du don qu’avait fait le roi Śāhaji aux quarante-six érudits de premier plan venus sur place en 1693. Les habitants peuvent encore identifier les maisons de certains savants de l’époque. Les villageois racontent avec enthousiasme que ces grands maîtres se retrouvaient pour débattre de sujets abstrus avant de chanter des hymnes dévotionnels. L’un des derniers intellectuels du village à faire œuvre de création en sanskrit fut Rāmasubrahmaṇya Śāstrin, qui publia plusieurs traités à l’époque de la Grande Guerre. Dans l’un de ses ouvrages polémiques, il nommait cinq générations de ses ancêtres, tous versés dans les différentes branches des systèmes de savoir sanskrits. Ses descendants possèdent encore une petite collection de ses livres et quelques manuscrits sur feuilles de palmier.

38Le théoricien des nombres Paul Erdös dit un jour en plaisantant que le mathématicien est une machine à transformer le café en théorèmes. Lorsque l’on observe les terres fécondes du delta de la Kaveri, et toute la région que domine Thanjavur, avec ses innombrables hameaux et maisonnées hantés par ce passé de profonde érudition, lorsque l’on sait que cet endroit a connu une production intellectuelle aussi extraordinaire au cours des cinq derniers siècles, on peut être tenté de définir le pandit comme une machine à transformer le riz en sanskrit.

Notes
1.

Duraiswami Aiyangar, 1947, p. 6-7. Traduction du titre par Anthony Cerulli.

2.

Cette pièce est le R ā jar ā je ś varan ā aka (Hultzsch et   al., 1895-1913, no 67).

3.

Un grand nombre de ces inscriptions de temple a été publié in Hultzsch et   al., 1895-1913. Voir aussi Sewell, 1932. Heitzman, 1997, analyse ces inscriptions, ainsi que d’autres du delta de la Kaveri, dans sa minutieuse reconstruction de la production agricole, du commerce et des dons dans la culture coḷa.

4.

Édité par Gopalan, 19802.

5.

Purchas, 1625, ii e partie, 1745.

6.

Ce récit s’appuie principalement sur Vriddhagirisan, 1942 ; Krishnaswami Aiyangar, 1986 ; Narayana Rao et   al., 1992 et 2001, et Champakalakshmy et   al., 2002. Voir aussi Karashima, 2001, 2002, et Heitzman, 1997.

7.

C’est ce que rapporte le Tanj ā v ū ri Ā ndhra R ā jula Caritra, une chronique telugu de la dynastie des Nāyaka de Thanjavur (éditée par Prabhākaraśāstri, 1914, et citée par Krishnaswami Aiyangar, 1986, § 98 ; voir Narayana Rao et   al., 2001, p. 129-136). Une autre chronique telugu, le Tānjāvūri Vāri Caritam, donne les mêmes informations. Par ailleurs, Yajṇanārāyaṇa Dīkṣita, qui dans son enfance a probablement rencontré Śevappa, déclare dans son Sāhityaratnākara [Océan de la poésie] que Śevappa conquit Thanjavur par les armes (Krishnaswami Aiyangar, 1986, § 90 ; Vriddhagirisan, 1942, p. 24.)

8.

Vriddhagirisan, 1942, p. 116 et suiv., défend l’idée que Govinda ne s’est rendu à la cour de Śevappa qu’assez tard dans le règne de celui-ci, et fut alors nommé purohita. Il ne devint ministre que lorsque Acyutappa monta sur le trône.

9.

Purchas, 1625, livre X, chap. 7, p. 1749 et suiv.

10.

On trouve cette information dans une lettre du jésuite Nicholas Pimenta datée de décembre 1599 (Purchas, 1625, livre X, chap. 7, p. 1745. Voir aussi Charney et   al., 2004).

11.

Vriddhagirisan, 1942, p. 54.

12.

Vriddhagirisan, 1942, p. 55.

13.

On trouve des détails sur la vie de Raghunātha dans leurs œuvres respectives : S ā hityasudh ā [L Ambroisie de la poésie], Raghun ā th ā bhyudaya [L Avènement de Raghun ā tha], S ā hityaratn ā kara [Océan de la poésie] et Raghun ā th ā bhyudayan ā aka [L Avènement de R aghunātha (drame)] (Krishnaswami Aiyangar, 1986, § 88, § 91, § 90, § 85-87).

14.

Liste partielle dans Vriddhagirisan, 1942, p. 108.

15.

S ā hityaratn ā kara, chap. I (Krishnaswami Aiyangar, 1986, § 90).

16.

Vriddhagirisan, 1942, p. 115, n. 4, et sources conservées au Kāṇcī Maṭha.

17.

La Sa g ī tasudh ā, ou « Nectar de musique », que Govinda attribuait au roi Raghunātha, mais qu’a composée Govinda lui-même, comme le confirme son fils Veṅkaṭeśvara (Vriddhagirisan, 1942, p. 122, n. 26).

18.

Vriddhagirisan, 1942, p. 123.

19.

Veṅkaṭeśvara, S ā hityaratn ā kara, chap. X (in Krishnaswami Aiyangar, 1986, § 90).

20.

Récit fondé sur Vriddhagirisan, 1942, chap. 7 ; Venkatesam, 1927, et les sources indiquées par Krishnaswami Aiyangar, 1986, passim. Voir aussi Nilakanta Sastri, 19877, p. 351, et Raghavan et al., 1949-, t. 6, p. 198.

21.

S ā hityaratn ā kara, Raghun ā thavil ā san ā aka et Ala k ā raratn ā kara.

22.

Le Vārttikābhara a [L Ornement du commentaire] sur la up ī k ā de Kumārila, le M ī m ā s ā stavaka [Éloge à l herméneutique], le Karm ā ntav ā rttika [Le Commentaire de la fin du rite] (commentaire du Bodh ā yana ś rautas ū tra), la Ś ulbam ī m ā s ā [Herméneutique du sacrifice], le Sa g ī tas ā mr ā jya [La Souveraineté du chant] et la Caturda ṇḍ iprak āś ik ā [Illustation de la musique en quatre mouvements].

23.

Kuṭṭikavi a écrit le Cint ā ma i [Le Joyau des commentaires] sur la Bha ṭṭ ad ī pik ā de Khaṇḍadeva (1640 env.) et le Mahi āś ataka [Les Cents Vers sur le buffle Mahisha] (Raghavan et   al., 1949-, t. 6, p. 198 ; Gode, 1954 ; Potter, 2005).

24.

Les controverses relatives aux dates de vie et de mort d’Appaya sont résumées in Filliozat, 1967, p. 8 et suiv.

25.

Nīlakaṇṭha Dīkṣita était le fils de Nārāyaṇa Dīkṣita et le petit-fils d’Āccān Dīkṣita, le frère d’Appayya Dīkṣita (Kuppuswamy Sastri, 1904, p. 131 et passim  ; Raghavan et   al., 1949- ; Nilakanta Sastri, 19877, p. 351). Sur Nīlakaṇṭha, voir Filliozat, 1967 ; Unni, 1995, et Vasudeva, 2005.

26.

Krishnaswami Aiyangar, 1986, p. 264.

27.

Narayana Rao et   al., 2001, chap. 3.

28.

Ce qui suit se fonde sur le Tanj ā v ū ri Ā ndhra R ā jula Caritra (voir n. 1, p. 619) ; les faits sont examinés par Vriddhagirisan, 1942, p. 149-154.

29.

Ceṅgalmaladās descendait de Vijayarāghava, même si les sources en font tantôt le fils, tantôt le petit-fils (Vriddhagirisan, 1942, chap. 9).

30.

Subrahmanyam, 2001, p. 150.

31.

Les noms de Thiruvishaloor et de Tiruvisalur sont aussi employés par les habitants actuels et dans les inscriptions (ainsi, on trouve « Tiruviśalūr » in Hultzsch et   al., 1895-1913, passim).

32.

Le récit qui suit s’appuie pour l’essentiel sur l’article fondateur de Kuppuswamy Sastri, 1904.

33.

Kuppuswamy Sastri, 1904, p. 128, 179, 130 et 134. Une telle concession de terrain était appelée sarvamānyam.

34.

Extrait du Tanj ā v ū ri Ā ndhra R ā jula Caritra, Krishnaswami Aiyangar, 1986, p. 324 ; voir n. 1, p. 619.

35.

Kuppuswamy Sastri, 1904, p. 126-127, nomme les œuvres de huit autres érudits qui y sont nés. Il note qu’en 1904 l’endroit était « presque en ruine ».

36.

Kuppuswamy Sastri, 1904, p. 128. L’auteur ne fournit pas de référence précise ; il n’est plus possible de retrouver cet acte.

37.

Ś abdakaumud ī et Bh ā yaratn ā val ī.

38.

Unni, 1995.

39.

Le récit de la façon dont Appaya, sur son lit de mort, transmit au jeune Nīlakaṇṭha son legs culturel et spirituel, se trouve dans les biographies de Nīlakaṇṭha (Ś r ī N ī laka ṇṭ h ā dhvaricaritam) et d’Appaya (Śrī Appayadīk itendravijaya). Toutes deux ont été composées au xix e siècle par Śivānanda Yogīndra, un descendant d’Appaya. Le premier de ces textes est traduit et republié in Filliozat, 1967, 7, p. 349, qui fournit aussi des renseignements sur le second document et sur d’autres sources encore (ibid., 4).

40.

Kuppuswamy Sastri, 1904, p. 132 et 137.

41.

Éd. Raghavan, 1952.

42.

SSST, 2003.

43.

Comme on le lit dans le D ī p ā mb ā M ā h ā tmyam [La Grandeur de D ī p ā mb ā ] (Srinivasan, 1984, vol. 38). J’exprime ma reconnaissance au Dr Smt. S. Rajalakshmi de la TMSSML, qui a attiré mon attention sur ce lien.

44.

Les œuvres en telugu de Śāhaji sont énumérées in Sastri, 1933, entrées 501 à 672.

45.

Ses œuvres médicales, toutes inédites, sont les suivantes : Ā yur-Veda (TMSSML, ms. 11037), Dhanvantaris ā ranidhi (TMSSML, ms. 11069), et Dhanvantarivil ā sa (TMSSML, ms. 11066).

46.

Bhosale, 1999, p. 46-47 ; Subramanian, 1988, p. 66 et suiv. ; Peterson, 1999b, p. 177 et suiv. ; Peterson, 1999a et 2003.

47.

Bhosale, 1999, chap. 17.

48.

Subramanian et Venkataramaiya, 1989, vol. 1, p. 164 (liasse 137 c), cités par Peterson [à paraître].

49.

Peterson [à paraître] évoque et analyse finement l’événement, qui fut à l’époque dépeint par le texte marathi Ś arabhendra T ī rth ā val ī [Le Pèlerinage du roi Serfoji] (Mahadick Rao Sahib, 1951).

50.

Bhosale, 1999, p. 133.

51.

Burnell, 1880.

52.

Panchanathan, 19974, p. 4-5.

Appendix A Bibliographie

  1. Bhosale, 1999 : T. R. P. Bhosale (éd.), Rajah Serfoji II, with a Short History of Thanjavur Mahrattas, Thanjavur.
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  24. Peterson [à paraître] : I. V. Peterson, « Beyond Tanjore City Walls. Serfoji II’s Improvisations on Kingship in his 1820-1822 Pilgrimage to Benares », communication lors de la Conférence sur l’Asie du Sud, « Kingship in a Changing World », Université du Wisconsin, oct. 2002.
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