Carolina Verlengia

Abstract

This article proposes to analyse a set of Michel Foucault’s reading notes prepared for the 1979’s lectures, The birth of Biopolitics, in order to trace what could be called a cartography of the author's viewpoint, at the moment when he undertook his studies on neoliberalism and, more specifically, ordoliberalism. By interrogating his relationship to primary and secondary sources, we are specially interested in a more artisanal dimension of his research. Indeed, the reading notes help us decipher certain thought processes, allowing us to better understand how the philosopher sought to build a base of knowledge on these themes. We would also like to show the importance of the role played by the concept of State in the development of these lectures’ general problematic. Through access to the archives and the use of numeric tools developed by the ANR project Foucault Fiches de Lectures, we observe how the concepts of State and intervention established a link between Foucault's main references in his readings on German neo-liberalism. In doing so, the aim is to relate these readings and the interpretations Foucault offers to a wider intellectual and political context, marked by the centrality of some critical questions that guided his work at the time.

1typologie des savoirsobjets d’étudepensée construction des savoirstraditionhistoriographieDans l’article « Michel Foucault “bien entendu” », Philippe Artières s’intéresse aux rapports entre les travaux du philosophe et ceux de l’historienne Michelle Perrot, ainsi qu’à leurs projets communs. Il utilise une expression intéressante pour décrire la relation de ces deux chercheurs à l’archive : se penchant sur des manuels, des traités ou des écrits personnels, tout en allant, dans certaines occasions, jusqu’à les publier ou republier 1, ils cherchaient à faire une « cartographie du regard ». Cette cartographie ne consiste pas, toutefois, à « ouvrir des cadavres » ; il s’agit bien plutôt de « forer la carte en un certain nombre de points […afin] d’alimenter le débat, de livrer des éléments à la discussion » 2. Nous souhaitons inscrire notre travail dans cette même perspective. Étudiant les fiches de lecture préparées, notamment, pour la réalisation du cours donné au Collège de France en 1979, Naissance de la biopolitique, nous cherchons à dessiner une cartographie du regard du chercheur, c’est-à-dire non pas du Foucault « grand auteur », mais de l’artisan de la recherche dans son rapport quotidien au travail de construction de la pensée, afin de comprendre plus en profondeur quelques enjeux, théoriques et politiques, liés à la réalisation de ce cours.

2construction des savoirspolitique des savoirslibéralisme matérialité des savoirssupportsupport d’inscriptionficheLe corpus de fiches sur lequel nous nous sommes concentré est celui de la boîte XIX du Fonds Foucault de la BnF, intitulée « Économie, libéralisme de Smith à Hayek » 3. Cette boîte contient dix-sept chemises, parmi lesquelles une a particulièrement retenu notre attention. Portant le titre « Néo-libéralisme », elle est non seulement la plus importante pour ce qui est du nombre de fiches, mais également celle qui paraît rassembler les premières notes prises par Foucault sur le thème. Bien que toutes les fiches sur les auteurs néolibéraux ne s’y trouvent pas, elle constitue l’une de nos sources principales d’information pour effectuer la cartographie du regard de Foucault au moment où il s’est lancé dans ses études sur le néolibéralisme et, plus spécialement, l’ordolibéralisme. Si nous voulons comprendre la manière dont le philosophe a cherché à construire une base de connaissance sur ces thèmes, les fiches nous aident alors à déchiffrer ses cheminements de pensée, à identifier certaines routes empruntées pour la constituer. Elles permettent, en outre, de mieux voir comment ces lectures et les interprétations qu’il en livre en 1979 peuvent – et doivent – être mises en rapport avec un contexte intellectuel et politique plus large, marqué par la centralité de quelques questionnements critiques qui guidaient alors ses travaux.

Rapport entre sources primaires et secondaires : la temporalité de la recherche

3construction des savoirséducationcycle éducatifenseignement supérieurdoctorat matérialité des savoirssupportsupport de conservationdossier pratiques savantespratique discursivecours construction des savoirstraditionsourceBien que les fiches consultées ne nous permettent pas de tirer des conclusions convaincantes en ce qui concerne l’ordre des lectures – par quels livres ou auteurs Foucault a-t-il commencé sa recherche ? –, ces documents nous donnent des indices sur la manière dont il a cherché à collecter des informations sur ces auteurs et leurs thèses. Le fait que Foucault ait recouru à de la littérature secondaire, dans un premier temps, pour aborder le thème du néolibéralisme est bien connu. Dans son édition du cours Naissance de la biopolitique, Michel Senellart avait déjà montré, à travers une étude détaillée des sources citées et utilisées par Foucault, que le philosophe s’était largement appuyé, par exemple, sur l’ouvrage de François Bilger, La Pensée économique libérale de l'Allemagne contemporaine 4. Mais afin de mieux procéder au traitement de ces fiches et de tracer une cartographie du regard de notre chercheur, il convient d’apporter, tout d’abord, quelques précisions de nature archivistique concernant la chemise « Néo-libéralisme » : celle-ci contient quatre-vingts fiches de lecture, dix feuillets de photocopies et trois fiches bibliographiques. Parmi les fiches de lecture, seize concernent en effet cet ouvrage de Bilger, livre issu d’une thèse de doctorat. La littérature secondaire de Foucault s’enrichit également de références au livre de Jean-François Poncet, Lapolitique économique de l’Allemagne occidentale 5 (4 fiches) et au livre de Pierre-André Kunz, L'Expérience néo-libérale allemande dans le contexte international des idées 6 (1 fiche) – deux publications issues, également, d’un travail de thèse. Cela fait un total de vingt-et-une fiches sur ce type de littérature, chiffre correspondant au quart de l’ensemble des fiches de lecture ressemblées dans cette chemise.

4pratiques savantespratique intellectuelledocumentation pratiques savantespratique intellectuellecomparaisonDe quelle manière Foucault travaille-t-il sur cette bibliographie secondaire, comment se sert-il de ces sources ? Pour répondre à ces questions, il convient d’établir une comparaison avec la manière dont le philosophe a pu utiliser ce type de littérature dans le cadre, par exemple, de l’écriture d’un livre. Luca Paltrinieri a étudié, notamment, l’ensemble des fiches ayant servi à la préparation de la section « Analyse des richesses » dans Les mots et les choses 7. Dans ce contexte, il identifie trois usages différents par Foucault de la littérature secondaire : (1) pour « parcourir une vaste plage de savoir », (2) comme « “réservoir” de citations sur lesquelles appuyer sa thèse », ou encore (3) pour constituer un « “savoir de fond” et identifier certaines sources qu’il lira après » 8. Dans le cas de notre dossier, le livre de Bilger peut exercer, selon les cas, ces différentes fonctions, mais d’une manière bien particulière. Au contraire d’autres sources de littérature secondaire dans lesquelles Foucault cherche des informations ciblées et se concentre sur des parties spécifiques des livres, dans le cas de l’ouvrage de Bilger, ses notes couvrent presque la totalité des chapitres. Cependant, ces fiches ne sont pas disposées dans le dossier selon l’ordre chronologique de la lecture, mais semblent avoir été réorganisées au moment leur utilisation. Cinq fiches thématiques, tout d’abord, portent sur la question des interventions, de l’action de l’État et de la politique sociale 9 : Foucault y fait comme un repérage des thèses centrales de la pensée néolibérale allemande et de ses principaux auteurs, copiant, par exemple, quelques citations de textes d’Alexander Rustow, Wilhelm Röpke et Walter Eucken. Quatre fiches, ensuite, rassemblent des informations et des renseignements plus généraux sur l’École de Fribourg, dont deux sont tirées de l’introduction et du chapitre préliminaire du livre, et contiennent un grand nombre de données de contextualisation historique concernant l’émergence d’une nouvelle école de pensée économique en Allemagne dans la période post-guerre 10. La dernière catégorie de fiches sur ce livre, enfin, a pour objet quelques auteurs en particulier : deux portent sur Eucken, dans lesquelles Foucault recueille des informations tant biographiques que théoriques 11 ; une sur Röpke, avec des informations résumées sur sa pensée et quelques citations 12 ; une sur Alfred Müller-Armack, contenant très peu de citations directes 13 ; et une sur Ludwig Erhard et l'École de Fribourg 14, correspondant au premier chapitre de la troisième partie du livre de Bilger, où cet auteur explique comment le regain des idées économiques en Allemagne fut lié au rôle joué par Erhard, caractérisé comme « un spécialiste de l’économie appliquée » et « du rapport entre théorie et pratique », « l’artisan principal de la nouvelle politique économique allemande » inauguré en 1948 15.

5inscription des savoirslivrebibliographie construction des savoirspolitique des savoirscapitalismeAinsi, il devient clair que, pour la préparation de son cours, Foucault s’est grandement appuyé sur les informations collectées dans le livre de Bilger. Publié en 1964, ce livre a été considéré, à l’époque, comme l’un des premiers à donner « un panorama d’ensemble de la littérature économique allemande contemporaine » 16. Un peu plus tard, en 1978, Henri Lepage publia Demain le capitalisme 17, aidant grandement à diffuser les idées des « nouveaux économistes » en France ; mais il s’agit d’un tout autre type de publication que celles privilégiées par Foucault, comme les livres de Bilger, de Poncet et de Kunz. Ces ouvrages, issus de travaux de thèse, ont l’avantage d’offrir une vision plus générale, ainsi qu’un grand nombre d’informations et de références, caractéristique particulièrement adaptée au contexte de la préparation de ce cours et à la temporalité de la recherche qui y est liée. Le philosophe a-t-il cherché, par la suite, à étudier plus en profondeur certaines des références collectées à partir de cette littérature secondaire ? Les archives ne nous permettent pas d’apporter une réponse claire à cette question, mais nous pouvons considérer que, dans la perspective de parcourir en peu de temps une vaste plage de savoir, Foucault a probablement procédé à des choix stratégiques. Dans le cas des fiches ici étudiées, le rapport de Foucault à la bibliographie secondaire est donc légèrement différent de celui décrit par Luca Paltrinieri. Cela s’explique, certainement, par les différences fondamentales – de format, d’envergure, d’objectifs visés – entre les deux projets : les fiches sur le néolibéralisme ont été produites en vue de la réalisation d’une série de leçons, composant un cours qui est, en outre, très singulier. Après ceux de 1976 et de 1978, où Foucault introduit et cherche à tester une série de nouvelles hypothèses analytiques – représentées par les concepts de biopolitique et de gouvernementalité 18 – il se sert de Naissance de la biopolitique comme d’une opportunité pour recentrer sa recherche sur le présent immédiat. Si, dans les deux cours précédents, il s’était concentré sur des cadres temporels plus éloignés, en 1979 il décide d’aborder des sujets touchant l’actualité la plus directe de la politique française – une démarche inédite dans la série des cours au Collège de France. Il convient de rappeler qu’à partir de 1976 ses cours ne correspondent plus, comme c’était le cas précédemment, soit à des chantiers de livres en préparation, soit à des moments de reprise ou d’approfondissement de dossiers déjà travaillés. Durant cette période, ses leçons deviennent non seulement le lieu d’exposition d’une recherche en train de se faire, mais également un espace ouvert d’analyse sur le présent et, par là-même, d’intervention sur cette actualité. Les effets de tels choix sont particulièrement visibles dès lors que nous examinons son usage de la bibliographie secondaire. Dans Naissance de la biopolitique, pour la partie la plus longue et que Foucault lui-même présente comme la plus importante théoriquement 19 – elle concerne la question du néolibéralisme allemand –, le philosophe s’appuie largement sur cette bibliographie, sans consulter de manière systématique les sources primaires. Il n’y a aucune fiche, par exemple, sur les écrits d’Eucken, auteur ayant joué, pourtant, un rôle très important dans la formation de ce courant de pensée et cité plusieurs fois dans les fiches réalisées à partir de l’ouvrage de Bilger. Outre trois fiches sur les actes du Colloque Walter Lippmann, se référant aux interventions de Rüstow et de von Mises 20, très peu de fiches ont directement pour objet des livres et auteurs néolibéraux allemands : dans l’ensemble des notes de la chemise « Néo-libéralisme », nous trouvons seulement quatre fiches sur La crise de notre temps de Röpke, deux sur Civitas humana du même auteur, et six autres sur le livre d’Erhard, Une politique de l’abondance 21. Cela tient, à nos yeux, à un double caractère d’urgence des analyses qu’il développe. D’un côté, cette étude s’inscrit dans le cadre de ses activités au Collège de France, ce qui implique la production, chaque année, d’un cours inédit, et appuie cet aspect de recherche en cours. De l’autre côté, le caractère d’urgence tient également à la fonction d’intervention qu’il cherche à attribuer à ses leçons. Les sources très peu nombreuses qu’il choisit de lire sont donc probablement sélectionnées selon des critères liés à cette temporalité spécifique de sa recherche, se construisant dans un rapport direct avec l’actualité.

Néolibéralisme : un cas d’étude concernant les transformations de l’art de gouverner dans le présent

6construction des savoirspolitique des savoirslibéralismeLe titre du cours de 1979 indique clairement le projet initial de Foucault : traiter de la généalogie de la biopolitique. Celui-ci, toutefois, ne fut que partiellement mis en œuvre, le philosophe avouant lui-même, par la suite, que le cours « [avait] été finalement consacré, en son entier, à ce qui devait n’en former que l’introduction » 22 : le libéralisme. Cette thématique est introduite dans la continuité du cours précédent (Sécurité, territoire, population), qui avait entrepris de retracer l’histoire des « arts de gouverner » 23. Dans ce contexte, Foucault utilise le thème du néolibéralisme pour faire un « essai » de la grille d’analyse représentée par le concept de gouvernementalité 24. La particularité de cette grille d’intelligibilité est qu’elle prend la pratique des hommes, dans leur réalité historique, comme point de départ de l’étude et cherche à associer étroitement l’analyse de l’échelle locale (en termes de micro-pouvoirs) et celle de problèmes plus généraux, comme ceux de l’État et du gouvernement 25. Ce faisant, Foucault tente de comprendre la manière dont le libéralisme et le néolibéralisme ont développé et mis en place toute une série de réflexions et, surtout, de pratiques effectives visant à apporter des solutions aux problèmes auxquels ils se confrontaient. L’enjeu d’une telle perspective est de comprendre comment ces processus réflexifs, ces rationalités qui se matérialisent en des techniques de gouvernement, ont entraîné une ouverture des possibilités de transformation du réel.

7pratiques savantespratique lettréecopie manuscrite espaces savantsterritoireétatLa façon dont Foucault travaille ainsi sur les modèles néolibéraux est directement liée à une problématisation plus générale de l’actualité, le cas du néolibéralisme allemand lui apparaissant comme un exemple très fécond. Cette thématique lui permettait non seulement d’inscrire son analyse entièrement dans le présent – les visions et politiques néolibérales étant alors encore en plein développement –, mais, également, d’aborder des textes fortement marqués par des événements récents, auxquels il s’intéressait tout particulièrement dans le cadre théorique ouvert par la biopolitique : le problème des États totalitaires 26. Son cours avait, ainsi, non seulement un rôle théorique à jouer, marquant un moment de « test » pour les outils méthodologiques qu’il avait développés, mais également un rôle politique, prenant position sur des questions brûlantes du débat de l’époque. Pour répondre à ces deux objectifs, l’important, pour lui, n’était donc pas d’avoir une connaissance approfondie et extensive des théories néolibérales, mais plutôt de saisir les aspects pratiques et politiques les plus saillants afin de comprendre comment les solutions proposées par ces auteurs ont pu être directement appliquées en Allemagne, puis exportées dans d’autres pays, comme les États-Unis et la France 27. À partir de la notion des arts de gouverner, Foucault s’efforce de renouveler l’approche de la politique – et donc de la question de l’État –, définissant en même temps le cadre problématique et l’instrument heuristique de sa recherche. Ce faisant, il pose la question de « la manière réfléchie de gouverner au mieux et aussi, et en même temps, la réflexion sur la meilleure manière possible de gouverner ». Les parties des textes que Foucault reprend ou recopie dans ses fiches pour la préparation du cours de 1979 tournent très souvent autour de ce type de réflexion. Dans une leçon il affirme vouloir « saisir l'instance de la réflexion dans la pratique de gouvernement et sur la pratique de gouvernement », comprendre comment on a « conceptualisé cette pratique qui consiste à gouverner », la « conscience de soi du gouvernement ». Cela implique de partir non seulement « de cette pratique telle qu'elle se donne », mais, et en même temps, telle « qu'elle se réfléchit et se rationalise pour voir, à partir de là, comment peuvent effectivement se constituer un certain nombre de choses », comme l'État et la société, le souverain et les sujets, etc. 28.

8inscription des savoirsvisualisationvisualisation de l’informationinterface informatique inscription des savoirsvisualisationvisualisation de l’informationDans le cadre de notre travail au sein du projet ANR Foucault Fiches de Lectures, nous avons eu l’opportunité de nous servir de précieux outils informatiques permettant de mieux saisir, à travers la visualisation de données, l’utilisation que fait Foucault des références collectées. À partir de données renseignées 29 dans la plateforme collaborative du projet, une cartographie informatique a pu être produite, donnant à voir des graphes qui à la fois répartissent spatialement et mettent en réseau différentes catégories d’informations 30 : auteurs, références, concepts, fiches. Le réseau de données, mis alors en forme par cet outil cartographique, permettent de montrer, dès le premier regard, l’existence de deux thèmes ou concepts centraux, liant les quatre principales références de Foucault dans le cadre de ses lectures sur le néolibéralisme allemand : Bilger, Hayek, Röpke et Erhard. Ce sont les concepts d’« État » et d’« intervention », le premier étant présent dans quatorze fiches et le deuxième dans une douzaine.

Figure 1 – en bleu les fiches de lecture,
            en vert les auteurs, en jaune les références bibliographiques et
            en rouge les concepts
Figure 1. Figure 1 – en bleu les fiches de lecture, en vert les auteurs, en jaune les références bibliographiques et en rouge les concepts

9pratiques savantespratique lettréelecture espaces savantsterritoireétatCes cartographies se dessinent, bien entendu, en fonction du point de vue adopté lors de l’annotation des fiches. Bien que nous ayons cherché à extraire les concepts les plus importants, il faut relever que le travail d’annotation n’est pas exhaustif, ce qui implique une sélection des termes. Cette sélection dépend ainsi des choix effectués au sein de notre recherche, la cartographie présentée constituant donc un parcours de lecture possible parmi de nombreux autres. Nonobstant ces restrictions, l’importante occurrence des deux concepts mentionnés et l’analyse des titres des fiches nous permettent de renforcer l’hypothèse selon laquelle les lectures de Foucault se sont organisées, très souvent, autour de la question del’action de l’État – dans le sens d’une « action gouvernementale » 31, donnant origine à des processus autant d’intervention que d’organisation de l’appareil étatique. On peut bien sûr y voir le reflet des principales préoccupations des néolibéraux eux-mêmes, qui cherchaient à penser l’État à partir d’une délimitation très précise de son champ d’action, visant à protéger cette instance des dangers du planisme et du collectivisme – selon leurs propres termes. Il est intéressant d’observer, cependant, comment Foucault, en collectant certaines informations et citations, tend à focaliser son attention sur tout un ensemble de conseils ou recommandations concernant les types d’actions considérées comme nécessaires pour construire cette nouvelle réalité étatique souhaitée. Il n’était pas question, pour ces auteurs, de baser leurs arguments sur un droit historique de l’État à gouverner, mais de créer une nouvelle manière de gouverner qui tire sa légitimité du cadre économique. Ces néolibéraux ont donc décomposé l’État et réfléchi à la question de l’État principalement en termes de pratiques très précises – ou, en d’autres mots, en termes d’art de gouverner, dans le sens où l’entend Foucault. Réfléchissant à comment gouverner au bénéfice du plus grand nombre, tout en envisageant des dispositifs gouvernementaux pour atteindre ces objectifs, ils ont, petit à petit, créé une nouvelle image – voire une nouvelle conception – de l’État qui était, précisément, le résultat d’un régime nouveau de gouvernementalité, permettant à la fois de faire face aux « échecs » vécus dans l’histoire récente et de proposer des solutions pour sortir de situations perçues comme des impasses.

Comment écrire autrement une histoire de l’État et saisir un moment de crise ?

10espaces savantslieuécole pratiques savantespratique lettréecopie manuscrite matérialité des savoirssupportsupport d’inscriptionficheL’intérêt que Foucault porte notamment aux écrits d’Erhard s’inscrit dans ce cadre analytique. Même si l’on ne retrouve pas de citations directes ni de mentions dans le cours, les fiches montrent que le philosophe a lu Une politique de l’abondance, livre composé majoritairement de transcriptions de discours et de lettres. Dans la leçon du 31 janvier 1979, Foucault commente une phrase prononcée par Erhard lors d’un discours, daté du 21 avril 1948. La citation qu’il utilise ne provient pas, toutefois, du livre d’Erhard, mais de celui de Bilger, copiée dans une fiche nommée « Erhard et l’école de Fribourg » 32. Néanmoins, la façon dont il travaille cette citation peut nous aider à comprendre quels éléments ont retenu son attention dans sa lecture d’Erhard. Dans cette leçon, Foucault analyse ainsi une phrase où Erhard affirme qu’il « faut libérer l'économie des contraintes étatiques » car « seul un État établissant à la fois la liberté et la responsabilité des citoyens peut légitimement parler au nom du peuple ». Par-là, Foucault introduit une série de réflexions sur les conditions historiques dans lesquelles la question de l’État et celle de sa légitimation se sont trouvées liées à la reconstruction d’une politique économique allemande – cet aspect étant l’un des points originaux de l’interprétation foucaldienne. Comment établir une réorganisation interne qui « ne pose pas à l'État la question de savoir : quelle liberté vas-tu laisser à l’économie ? mais qui pose à l'économie la question : comment est-ce que ta liberté va pouvoir avoir une fonction et un rôle d'étatisation », dans le sens où cela permettra de « fonder effectivement la légitimité d'un État ? » 33. Ce faisant, le philosophe analyse la manière dont Erhard, qui avait réuni autour de lui un Conseil scientifique – composé de personnalités comme Eucken, le juriste Franz Böhm et Müller-Armack (futur secrétaire d'État d’Erhard quand celui-ci devint ministre de l'Économie) – défend dans son discours et ses actions des idées formulées par ce Conseil, idées proches aussi, selon Foucault, de celles d’autres auteurs ayant joué un rôle important dans cette « nouvelle définition de l’art libéral de gouverner », comme Röpke et Hayek. En ce sens, le philosophe tente de saisir cette perméabilité – assez forte dans le contexte allemand ici étudié – existant entre les discours (les idées) et les actions mises en œuvre, notamment, à travers cet homme politique incarnant une nouvelle façon de penser et de pratiquer cet art libéral de gouverner. Selon Foucault, le problème posé en Allemagne en 1954 était donc « comment faire exister un État » et légitimer par avance cet « État futur » ? Tel était « l'objectif premier, historiquement et politiquement premier, du néolibéralisme ». L’effort pour répondre à cette question a demandé la « réélaboration d'un certain nombre d'éléments fondamentaux dans la doctrine libérale », non pas tellement dans la théorie économique du libéralisme, mais plutôt « dans le libéralisme comme art de gouverner », ou comme « doctrine de gouvernement » 34 – aspect englobant directement la pratique gouvernementale. C’est pourquoi il était nécessaire de s’intéresser aux « gens qui ont été autour du futur chancelier Erhard, ceux qui ont programmé cette nouvelle politique économique, cette nouvelle manière d'articuler économie et politique qui caractérise la République fédérale allemande contemporaine » 35. Telle est la raison, également, pour laquelle le néolibéralisme allemand était, dans les termes de Foucault, théoriquement plus important pour le problème de la gouvernementalité. Ceux qui se consacraient à ce renouvellement de la pensée libérale ne réfléchissaient pas seulement à une meilleure manière de gouverner, mais participaient directement à la mise en pratique de ces idées à travers l’aide à la création d’un nouvel État allemand. C’est en cela, Foucault affirme, que le néolibéralisme allemand :

pratiques savantespratique intellectuellecalculest autre chose qu'un calcul politique, même si c'est entièrement traversé par un calcul politique. Ce n'est pas non plus une idéologie, bien qu'on ait là, bien sûr, tout un ensemble d'idées, de principes d'analyse, etc., parfaitement cohérents. Il s'agit, en fait, d'une programmation nouvelle de la gouvernementalité libérale 36.

11Leurs réflexions à propos de l’établissement et du respect d’une économie de marché libre s’inscrivaient, selon Foucault, à l'intérieur d’un cadre beaucoup plus général, car elles touchaient à la question de l’action étatique, se demandant comment à la fois limiter et préciser ses champs d’intervention. D’un point de vue plus global, cela revenait ainsi à « fixer précisément les frontières et les bornes de l'étatisation et [à] régler les rapports entre individus et État » 37. Or, ces thématiques occupaient une place centrale dans la pensée de Foucault : l’analyse des rapports entre individus et État, entre les sphères individuelle et collective, ou encore entre le local et le global, constituait un champ primordial d’intérêt, ces questions touchant, en effet, aux thématiques de l’historicité et au type d’analyse historique qu’il souhaitait produire. Comment construire des objets de recherche qui soient à la fois philosophiques et historiques, et quelle histoire écrire à partir d’eux ? Comment expliquer le fonctionnement des structures sociales à travers une analyse qui puisse englober, en même temps, un regard local tourné vers des pratiques très précises et une vision plus générale des processus de rationalisation qui sous-tendent ces pratiques ? Quand Foucault affirme qu’il souhaite comprendre la « conscience de soi » du gouvernement, ou encore « l’instance de réflexion » de la pratique de gouvernement, c’est bien aux processus expliquant le passage des pratiques discursives aux pratiques sociales et politiques qu’il s’intéresse. La particularité du cours de 1979 consiste en ce que le philosophe pose ces questions tout en prenant pour objet sa propre actualité : comment comprendre et écrire une histoire de la manière dont, actuellement, on cherchait à gouverner ? C’est l’ontologie de nous-mêmes poussée au plus loin, une ontologie de l’actualité la plus directe.

12pratiques savantespratique discursiveoralitéL’un des traits singuliers de cette actualité est qu’elle était encore marquée, selon Foucault, par les signes d’une crise générale du dispositif de gouvernementalité 38, dont la crise du libéralisme classique n’était qu’une expression particulière. Dans les écrits des néolibéraux allemands, Foucault repère d’importants traits de cette crise qui, parce qu’elle constitue un moment de rupture, permet l’émergence des nouveaux efforts critiques visant à apporter des réponses inédites aux problèmes rencontrés. Ce contexte offre ainsi un point de vue privilégié pour saisir la réalité de ces différentes instances de rationalité touchant à la question du renouvellement de l’art de gouverner. À travers une analyse des stratégies et pratiques de gouvernement qui se mettaient en place, il s’agit de saisir la matérialité même de ces processus rationnels. Dans une partie du manuscrit du cours, écartée dans l’exposé oral, il écrit :

construction des savoirspolitique des savoirsnationalisme construction des savoirspolitique des savoirsnazismeMais ce qui est intéressant, c'est que l'École de Fribourg n'a pas simplement développé une théorie économique, ni même une doctrine. Elle a repensé tout le rapport économie et politique, tout l'art de gouverner. Et pour une bonne raison : c'est qu'elle a eu à se colleter avec un phénomène historique considérable. Le nazisme, en effet, n'a pas été simplement l'accumulation et la cristallisation de tous les nationalismes, dirigismes, protectionnismes, planifications, qui avaient tenu en lisière le libéralisme... 39

13espaces savantslieuécoleIl a été donc essentiel, pour lui, de placer la pensée de l’École à l’intérieur de ce contexte de crise afin de comprendre comment et pourquoi elle a pu trouver une efficacité aussi concrète, à ses yeux, dans l’effort de renouvellement de l’art libéral de gouverner. À un niveau plus méthodologique, cette manière de traiter le thème du néolibéralisme lui permettait d’aborder le problème crucial de l’État, tout en effectuant un contournement, c’est-à-dire, en se mettant à « l’extérieur de l’État » et en soulevant la question : quelle histoire peut-on faire en évitant de prendre cet universel comme point de départ de l’analyse ? C’est, en effet, à partir d’une remise en cause des universaux que Foucault ouvre son cours en 1979. Il explique que l’étude de la « rationalisation de la pratique gouvernementale » implique « immédiatement » un certain choix de méthode. Ce choix consiste à prendre directement la pratique gouvernementale en tant qu’objet, ce qui constitue, comme il l’affirme, une « manière explicite de laisser de côté » toute une série d’objets comme la souveraineté, le peuple, l'État, la société civile, c’est-à-dire, des « universaux que l'analyse sociologique, aussi bien que l'analyse historique et l'analyse de la philosophie politique, utilise pour rendre compte effectivement de la pratique gouvernementale » 40. Approfondissant le cadre analytique inauguré en 1976, tournant autour de la problématique du pouvoir, il tente d’aborder la question de l’État autrement, sans recourir à des interprétations en termes d’idéologie ou à une analyse en termes institutionnels.

14construction des savoirspolitique des savoirsfascismeCette crise du dispositif général de gouvernementalité, au sein de laquelle le libéralisme classique éprouvait sa propre crise, a été marquée par des moments historiques particuliers comme l’expérience soviétique, dès les années 1920, l’expérience allemande du nazisme ou encore l’expérience de la planification anglaise d’après-guerre. Ainsi, c’est comme un effort pour faire face à ces situations que Foucault prend en considération les recommandations des néolibéraux allemands, tout comme leur souhait de développer un ensemble de mécanismes ou de formules économiques et politiques pour protéger les États et éviter « ce moins de liberté qui serait entrainé par le passage au socialisme, au fascisme, au national-socialisme » 41. Observant la manière dont le philosophe structure ses fiches de lecture, on voit combien cette problématique était présente dans son esprit. Plusieurs chemises sont liées directement à ces thématiques, comme en témoignent les titres : « national-socialisme », « Rechtsstaat », « Welfare state », « économie de guerre », « problème de l'État et de la loi ». De même, de nombreuses fiches de la chemise « Néo-libéralisme » abordent ces questions. Rassemblant l’occurrence des termes comme « nazisme », « État nazi », « collectivisme » et « planification », nous arrivons à un total de dix fiches. Cela veut dire que presque un tiers des fiches sur le néolibéralisme allemand touche à ce type de sujet.

15Cela nous donne accès à un aspect assez central de la cartographie du regard de Foucault, nous indiquant de quelle manière il suit tout un chemin analytique pour comprendre la manière dont, à l’époque, était « éprouvée, vécue, pratiquée, formulée la crise du dispositif général de gouvernementalité » 42. C’est pourquoi la question du néolibéralisme répondait à un double enjeu, politico-éthique et théorique. Ce thème n’a pas simplement été utile pour « faire l’essai » de la grille d’analyse de la gouvernementalité, c’était une question qui permettait également un débat aussi direct que possible avec l’actualité. Foucault affirme, d’ailleurs que c’est pour une raison de « moralité critique »qu’il s’est arrêté aussi longuement sur ce thème 43. Il s’agit de remettre en cause un type de « critique inflationniste » du rôle de l'État, qui consistait non seulement à pratiquer « une disqualification générale par le pire »,mais, également, à propager l’idée d’un dynamisme intrinsèque de l’État, comme s’il possédait en lui-même un type de puissance d’expansion, « une tendance intrinsèque à croître » 44. Foucault est souvent identifié comme un penseur « du minuscule, de l’événement éruptif, du dispersé et du pluriel », mais, comme le fait bien remarquer A. Skornicki, les cours de la fin des années 1970 sont le lieu d’une véritable enquête sur les formes de l’État moderne, se tournant vers le domaine des macro-politiques. Dans ce contexte, le philosophe a lutté, en effet, contre la « survalorisation du problème de l’État », mais sans délaisser pour autant « l’étude de l’État lui-même », comme en témoigne le concept de gouvernementalité, qui « peut servir à explorer les conditions de possibilité de l’État moderne », constituant un « opérateur par lequel on passe de la microphysique des pouvoirs à la macro-politique » 45. La problématisation des critiques « inflationnistes » de l’État lui permet, précisément, de mettre en avant la nécessité de produire une nouvelle analyse de l’État, si l’on voulait être plus à même de développer une critique efficace de l’actualité. Nous comprenons, par-là, combien ces deux importantes dimensions de son discours étaient intrinsèquement associées : le caractère de moralité critique de son étude se manifeste dans la mise en œuvre de la démarche méthodologique elle-même, permettant la production d’une analyse historique nouvelle, capable de combiner des questionnements philosophiques – sur la raison, la vérité ou la subjectivité 46  – avec une empiricité historienne, qui prend alors en charge les pratiques sociales dans leurs dimensions les plus concrètes.

Notes
1.

Voir, notamment, Bentham, Foucault et Perrot, 1977.

2.

Artières, 2017 :p. 693.

3.

Fonds Foucault, BnF, cote : NAF 28730, VIII. Boîte consultable en ligne à travers le site du projet FFL : http://eman-archives.org/Foucault-fiches/collections/show/393.

4.

Bilger, 1964.

5.

Poncet, 1970.

6.

Kunz, 1962.

7.

Paltrinieri, 2011. Cette publication est associée au projet La bibliothèque foucaldienne (http://lbf-ehess.ens-lyon.fr/pages/infos.html).

8.

Paltrinieri, 2011 :p. 122‑24.

9.

Les titres donnés par Foucault à ces fiches sont : « Les interventions », « Action ordonnatrice de l'État », « Intervention de conformité », «  Politique sociale conforme » et « Politique sociale et redistribution du revenu ».

11.

Eucken est présenté par F. Bilger comme le fondateur de l’Ecole de Fribourg, voir fiches « Walter Eucken I » et « Eucken II ».

12.

Fiche intitulé « Wilhelm Röpke ».

15.

Bilger, 1964 : p. 207‑10.

16.

Chabert, 1966 : p. 152.

17.

Lepage, 1978. Ce livre constitue l’une des sources utilisées par Foucault dans les dernières leçons du cours de 1979.

18.

Pour plus d’information sur l’introduction de ces concepts et le contexte dans lequel Foucault les travaille, voir Verlengia, 2019.

19.

Sur un total de douze leçons, Foucault parle du néolibéralisme allemand jusqu’à la 8ème : « c'est surtout d'ailleurs du premier, de ce néolibéralisme disons allemand, pour dire les choses très grossièrement, que je voudrais vous parler, à la fois parce qu'il me paraît théoriquement plus important que les autres, pour le problème de la gouvernementalité, et puis parce que je ne suis pas sûr d'avoir le temps de parler suffisamment des Américains » (Foucault, 2004b : p. 81).

20.

Centre international d’études pour la rénovation du libéralisme, 1939. Les fiches sur l’intervention de Rüstow sont nommées « Concentration et monopole » et « Causes sociales du déclin du [libéralisme] » ; celle sur l’intervention de von Mises s’intitule « Comment naissent les monopoles ».

21.

Röpke, 1945 ; Röpke, 1946 ; Erhard, 1963. Bien que lisant l’allemand, Foucault n’utilise ici que des traductions françaises. En outre, nous avons choisi d’écarter les fiches concernant plus directement les ouvrages d’Hayek et de von Mises : il s’agit de quinze documents composant un ensemble consacré aux auteurs Autrichiens, présentés dans le cours par Foucault comme des « intermédiaires » (Foucault, 2004b : 166) entre le néolibéralisme allemand et le néolibéralisme américain, thème sur lequel nous retrouvons, ensuite, une douzaine de fiches.

22.

Foucault, 2004b : p. 323.

23.

Foucault, 2004b : p. 3.

24.

Foucault, 2004b : p. 192.

25.

Foucault, 2004a : p. 366.

26.

Sujet abordé, notamment, dans les dernières leçons de cours de 1976 (Foucault, 1997) et le dernier chapitre de La volonté de savoir (Foucault, 1976 : p. 175-211).

27.

Dans le dossier « Néo-libéralisme », il y a quelques fiches correspondant à l’étude du cas français, avec la lecture, notamment, d’un article de Giscard d'Estaing (Stoleru et Giscard d’Estaing, 1972).

28.

Foucault, 2004b : p. 4.

29.

Ces données peuvent être d’ordre archivistique (titre de la fiche, informations sur les références, mention de personnes) ou liées à notre travail personnel de recherche (comme c’est le cas pour les concepts et mots-clés tirés de la fiche).

30.

Pour plus d’informations sur l’outil cartographie, voir l’article de Vincent Ventresque, Marie-Laure Massot et Richard Walter, intitulé « Mettre en ligne, annoter et exploiter les fiches de lecture de Michel Foucault », dans ce même dossier.

31.

Foucault, 2004b : p. 125.

32.

Voir note 11.

33.

Foucault, 2004b : p. 95-96.

34.

Foucault, 2004b : p. 106.

35.

Foucault, 2004b : p. 106.

36.

Foucault, 2004b : p. 95.

37.

Foucault, 2004b : p. 82.

38.

Sur ce sujet voir, notamment, le chapitre « Qu’est-ce qu’une crise de gouvernementalité », dans Monod, 2019 : p. 33-60.

39.

Foucault, 2004b : p. 96.

40.

Foucault, 2004b : p. 4-5.

41.

Foucault, 2004b :p. 71.

42.

Foucault, 2004b :p. 72 (nous soulignons).

43.

Foucault, 2004b : p. 192 (nous soulignons).

44.

Foucault, 2004b : p. 192-94.

45.

Skornicki, 2015 : p. 16-17.

46.

Sur la manière dont Foucault cherche à poser, à travers l’histoire, des questions intrinsèquement philosophiques, voir Hulak, 2013 : p. 109.

Appendix A Références bibliographiques

  1. Artières, 2017 : Philippe Artières, « Michel Foucault “bien entendu” », Critique vol. 8-9, no 843-844, p. 690‑99.
  2. Bentham, Foucault, et Perrot, 1977 : Jeremy Bentham, Michel Foucault et Michelle Perrot, Le panoptique, Maud Sissung (trad.), Paris, Pierre Belfond.
  3. Bilger, 1964 : François Bilger, La Pensée économique libérale dans l’Allemagne contemporaine, Paris, Librairie générale de droit et de jurisprudence.
  4. Centre international d’études pour la rénovation du libéralisme, 1939 : Travaux du Centre international d'études pour la rénovation du libéralisme (éd.), Compte rendu des séances du colloque Walter Lippmann (26-30 août 1938), Paris, Librairie de Médicis, cahier n° 1. Avant-propos de Louis Rougier.
  5. Chabert, 1966 : Alexandre Chabert, « Bilger, François - La pensée économique libérale dans l’Allemagne contemporaine », Revue économique, n° 1, vol. 17, p. 152‑53.
  6. Erhard, 1963 : Ludwig Erhard, Une politique de l’abondance, traduit par Liane Mozère, Paris, Robert Laffont. Recueil d’articles et de discours, 1945-1962.
  7. Foucault, 1976 : Michel Foucault, Histoire de la sexualité I. La volonté de savoir, Paris, Gallimard.
  8. Foucault, 1997 : Michel Foucault, « Il faut défendre la société ». Cours au Collège de France, 1975-1976, édité par François Ewald, Mauro Bertani et Alessandro Fontana, Paris, Gallimard-Le Seuil.
  9. Foucault, 2004a : Michel Foucault, Sécurité, territoire, population. Cours au Collège de France, 1977-1978, édité par François Ewald, Alessandro Fontana, et Michel Senellart, Paris, Gallimard-Le Seuil.
  10. Foucault, 2004b : Michel Foucault, Naissance de la biopolitique. Cours au Collège de France, 1978-1979, édité par François Ewald, Alessandro Fontana, et Michel Senellart, Paris, Gallimard-Le Seuil.
  11. Hulak, 2013 : Florence Hulak, « Michel Foucault, la philosophie et les sciences humaines : jusqu’où l’histoire peut-elle être foucaldienne ? », Tracés. Revue de Sciences humaines, n° 13, p. 103‑20.
  12. Kunz, 1962 : Pierre-André Kunz, L’Expérience néo-libérale allemande dans le contexte international des idées, Lausanne, Imprimerie centrale.
  13. Lepage, 1978 : Henri Lepage, Demain le capitalisme, Paris, Hachette.
  14. Monod, 2019 : Jean-Claude Monod, L’art de ne pas être trop gouverné : sur les crises de gouvernementalité, Paris, Seuil.
  15. Paltrinieri, 2011 : Luca Paltrinieri, « L’"Analyse des richesses" dans Les mots et les choses », dans Philippe Artières, Jean-François Bert, Frédéric Gros, et Judith Revel (éd.), Michel Foucault, Paris, Cahiers de L’Herne.
  16. Poncet, 1970 : Jean-FrançoisPoncet, La Politique économique de l’Allemagne occidentale, Paris, Sirey.
  17. Röpke, 1946 : WilhelmRöpke, « Civitas humana » : ou les Questions fondamentales de la réforme économique et sociale : capitalisme, collectivisme, humanisme économique, état, société, économie, Paul Bastier (trad.), Paris, Librairie de Médicis.
  18. Röpke, 1945 : Wilhelm Röpke, La crise de notre temps, Hugues Faesi et Charles Reichard (trad.), Neuchâtel, Éditions de la Baconnière.
  19. Skornicki, 2015 : ArnaultSkornicki, La grande soif de l’État : Michel Foucault avec les sciences sociales, Paris, Les Prairies Odinaires.
  20. Stoleru et Giscard d’Estaing, 1972 : Lionel Stoleru et Valéry Giscard d’Estaing, Économie et société humaine, Paris, Denoël. Rencontres internationales du Ministère de l'économie et des finances (Paris, 20-22 juin 1972). Préface de Valéry Giscard d'Estaing ; présentation de Lionel Stoléru.
  21. Verlengia, 2019 : Carolina Verlengia, « Les origines d’un projet critique et la question du néolibéralisme : Foucault, une philosophie aux frontières », Astérion. Philosophie, histoire des idées, pensée politique [en ligne], no 20 (DOI : 10.4000/asterion.3991).