René Wetzel

Abstract

During the 19th century and for a good part of the 20th century, German philology has been dominated by the « Lachmann method » of textual criticism and critical edition. Although most of their principles, based on a comparative manuscript analysis to reconstitute the original text, were not really innovative, and although the German philologer Karl Lachmann (1793-1851) never had developed or described a coherent method, his disciples and successors, namely his biographer Martin Hertz, built around Lachmann a powerful myth as the founding father of modern philology. This construction was based on Lachmanns lifelong obsession of an almost religious search of the truth in the service of the Word. Hertz describes Lachmann, whose seminar in Berlin trained an elite of devoted disciples, as father, prophet and guardian of the philological truth and of the Word’s purity. In his philological practice and in his methodological principles, and namely through the reconstruction of stemmata, i.e. manuscript family trees, Lachmann refers on genealogical thinking, using the powerful cognitive metaphor of the family tree. He contributed to the development of a scientific school of philology in Germany that finally was able to impose its method by putting the authority of Karl Lachmann – guarantor of the purity of the texts and therefore of the verity – on the top of its own family tree.

Le mythe de la « méthode de Lachmann »

1pratiques savantespratique intellectuellecritique typologie des savoirsdisciplinessciences humaines et socialessciences des textesphilologieLes mythes ont la vie longue et ne sont pas faciles à démonter et encore moins à effacer d’une mémoire collective dans laquelle ils sont fortement ancrés. C’est le cas du mythe qu’entoure la soi-disant « méthode de Lachmann » et le personnage de Karl Lachmann (1793-1851) que l’on considère comme le père et fondateur de la philologie germanique, si ce n’est de la philologie moderne tout court. Pas un dictionnaire biographique qui ne reprend ce verdict. Et quand Wikipedia, dans son article français dédié à la philologie, décrit celle-ci d’emblée comme « une combinaison de critique littéraire, historique et linguistique » qui « vise à rétablir le contenu original de textes connus par plusieurs sources, c’est-à-dire à sélectionner le texte le plus authentique possible, à partir de manuscrits, d'éditions imprimées ou d’autres sources disponibles […], en comparant les versions conservées de ces textes, ou à rétablir le meilleur texte en corrigeant les sources existantes »1, l’auteur de la notice fait encore implicitement référence à la « méthode de Lachmann » et réduit donc la philologie à une seule méthode d’édition de textes, faisant ainsi abstraction d’autres approches éditoriales existantes, sans parler d’autres conceptions existantes de la philologie.

2Cette attribution de l’invention de la philologie moderne et de la méthode de critique textuelle à Lachmann est aujourd’hui plus que douteuse. Elle n’est qu’un mythe qui persiste encore et encore, malgré la preuve du contraire.

3construction des savoirsvalidationauthentificationoriginal acteurs de savoirstatutfondateur construction des savoirsépistémologieméthode typologie des savoirsdisciplinesdivisions historiques des savoirshumanismeDepuis le livre de Sebastiano Timpanaro : « La genesi del metodo del Lachmann », publié pour la première fois en 1963 2, avec différentes rééditions augmentées jusqu’en 2003 et une édition allemande revue en 1971 déjà3 – l’édition française ne suivra qu’en 2016 4 –, il ne semble plus faire aucun doute que cette soi-disant « méthode de Lachmann » ne fut en fait qu’une condensation voire une simplification de différentes pratiques philologiques existantes depuis l’époque humaniste. Même le terme et la conception d’archétype que Lachmann revendique avoir introduit dans l’histoire des sciences pour désigner le texte le plus proche de l’original qui puisse être reconstitué par comparaison des manuscrits, remonte en fait à l’époque d’Érasme et de Scaliger (Scaligero)5. Sachant en plus que Lachmann n’a jamais réuni et formulé ses observations méthodiques en une théorie cohérente et que lui-même s’est souvent éloigné de ses propres principes dans sa pratique d’éditer des textes6, on peut légitimement se demander de quelle manière Lachmann est-il devenu le père de la philologie germanique ? Ce domaine de savoir désignait jusqu’il y a peu l’ensemble de la germanistique, études littéraires et linguistiques confondues, en faisant de l’approche scientifique de Lachmann – et donc d’une certaine manière de penser et de travailler – non seulement son point de départ, mais son lien commun. Mais de quel droit ? Commençons par un détour qui nous donnera l’occasion de dépeindre plus en détail le profil du philologue Lachmann à travers les sources historiques existantes.

Karl Lachmann et son séminaire berlinois

4construction des savoirsépistémologieauthenticité acteurs de savoircatégorie socialeélite construction des savoirsépistémologievéritéPlusieurs voix convergent, notamment celle du biographe et disciple du philologue allemand Martin Hertz, pour affirmer que Lachmann était, tout au long de sa carrière académique et comme la plupart des savants de son temps, obsédé par la quête de la vérité qui constituait pour lui la raison d’être du savant et son ultime but7. Cette quête détermine sa conception d’une philologie comme science exacte, capable de remonter quasi mécaniquement la filiation des témoins d’un texte jusqu’à l’auteur original, garant de l’authenticité et donc de la vérité textuelle. Cet objectif détermine aussi l’élitisme de Lachmann, initiant un cercle de disciples dévoués et luttant sans merci contre tout ce qu’il considérait être des aberrations, ou des fausses voies dans les analyses. La quête de la vérité a chez lui quelque chose de religieux, c’est de l’ordre d’une mission. De même, l’école et sa tradition qu’il fonde sont une sorte d’église vouée à une religion du Verbe et de sa pureté. Ce n’est certainement pas un hasard si Lachmann, qui était aussi philologue classique excellant dans l’édition d’auteurs latins, entreprit une édition du Nouveau Testament (1831) et de la Genèse (1834).

5acteurs de savoirqualités personnellescharisme pratiques savantespratique corporelleparole acteurs de savoirstatutdisciple espaces savantslieusalle de séminaire Karl Lachmann n’a pas laissé, on l’a déjà constaté, des écrits traitant de manière systématique de l’ensemble de son approche méthodologique. La bonne parole du maître était par contre enseignée dans le cadre de ses cours et pratiquée lors de ses séminaires. Elle se transmettait surtout par le réseau de ses disciples. L’un d’eux, le philologue classique Martin Hertz, publia en 1851, au lendemain du décès du maître, une biographie de Lachmann 8 qui contribua à consolider l’image d’un personnage charismatique de la philologie et qui constitue jusqu’à aujourd’hui la base de toutes les notices biographiques et de maintes appréciations sur la personne, l’œuvre et l’approche méthodologique de Lachmann. C’est une sorte de bible qui fixa une image quasi hagiographique du savant allemand. Dans sa préface, Hertz dit faire sienne ce qu’il considère former « Kern und Inhalt 9 », noyau et essence, de la vie de Lachmann en le citant : « Ce qui surmonte les controverses, c’est la quête sérieuse et sobre de la vérité10. » Et Hertz justifie son entreprise biographique comme guidée « uniquement par amour loyal et gratitude » envers le maître. C’est un discours quasi religieux. Quand il évoque Philipp Buttmann, avec lequel Lachmann avait entrepris l’édition grecque et latine du Nouveau Testament et dont le fils prononça l’éloge funèbre de Lachmann, Hertz caractérise d’ailleurs les deux amis comme des « serviteur de la Parole11 ». « Quête sérieuse et sobre de la vérité » : Hertz ne se lasse pas de marteler et de varier cette devise à plusieurs occasions :

construction des savoirsépistémologieméthode construction des savoirsépistémologievéritéLui-même ne cherchait que la vérité, elle était son exigence première et irréfutable ; Mensonge, tromperie, simulacre lui étaient aussi étrange qu’il les haïssait et dédaignait chez les autres […] Tous ses travaux et même sa méthode doivent leur naissance à cette quête sobre et exclusive de la vérité qui le laissait renoncer à tout ce qui dépassait sa connaissance. C’est cette base morale profonde davantage encore que le volume de ses connaissances et de ses mérites, que l’acuité et la clarté de son esprit qui a fait sa réputation et qui lui a conféré son importance. Et davantage encore que la cohérence et la structure organique de ses études, que l’unité de la méthode, c’est la quête de la vérité, la haine du paraître et du mensonge qui laissent considérer sa vie comme harmonique12.

6Ou encore, observant que la quête de la vérité de Lachmann avait des répercussions sur ses moindres gestes, lui dictant jusqu’à sa manière de travailler, Hertz remarque :

construction des savoirslangage et savoirsstyleclarté acteurs de savoirqualités personnellesexactitudeDans ses actions, il était à tout égard soigneux et précis. Tout devait être propre, convenable, correct. Ainsi, son écriture était de petite taille, gracieuse, régulière ; ses manuscrits étaient nets et tenaient compte jusqu’au moindres détails des exigences de la mise sous presse. Mais cette précision ne découla pas de la pédanterie, mais de la rigueur, d’une base morale qui imprégnait toute sa vie et toutes ses actions ; partout et dans le plus petit détail, il recherchait à faire apparaître la vérité. Il ne se permit ni aux autres de s’en écarter. De cela s’explique aussi la discipline rigoureuse de sa propre pensée orientée vers la clarté ainsi que sa discipline de l’expression verbale qui tend vers la détermination, vers l’acuité ; et par cela s’explique aussi la manière impitoyable, avec laquelle il stigmatisa l’indécence, la vulgarité, la bassesse13.

7espaces savantslieuuniversitéLa quête de la vérité était donc la maxime suprême de Lachmann qui guidait, selon Hertz, toute sa pensée et toutes ses actions. La vérité étant absolue et objective, aucune déviation ne pouvait être toléré. L’organisation académique et la conception de la méthode que prônait Lachmann suivaient entièrement cette logique.

8pratiques savantespratique intellectuellemise en série construction des savoirslangage et savoirsstyleclarté construction des savoirsépistémologieméthode typologie des savoirsdisciplinessciences humaines et socialessciences des textesphilologieEn ce qui concerne l’activité académique, prenons comme exemple son séminaire de philologie qu’il dirigeait à Berlin et que Martin Hertz connaissait très bien en tant que participant. Il y régnait « strenge methodische Zucht 14 », une rigueur méthodique stricte qui faisait la réputation du séminaire. Chaque participant était amené à préparer minutieusement une explication de texte et à la soumettre durant le séminaire aux autres participants et à Lachmann dont le rôle était celui d’un « chercheur parmi des chercheurs15 », mais dont les jugements (« c’est absurde », « c’est ridicule »)16 étaient impitoyables et redoutés. Il dédaignait la méconnaissance et exigeait une stricte distinction entre ce que l’on pouvait savoir et ce que l’on ne pouvait pas savoir, n’hésitant jamais à avouer les limites de son propre savoir. Hertz précise sur ce point : « En effet, il réclamait de la clarté avant tout, une conscience sûre des limites de son savoir. Il détestait toute spéculation, tout tâtonnement, tout raisonnement basé sur la méconnaissance17. » « Ce qu’il fallait apprendre en suivant le séminaire, c’était la méthode ; pas l’accumulation des savoirs, et surtout pas à travers la communication directe du maître, ce n’était pas le bon endroit18. » « Jamais, Lachmann s’appuya sur sa propre autorité, mais ne laissait parler que le sujet, et ceci avec une lucidité sans pareil19. » Il blessa ou découragea évidemment plus d’un de ses étudiants :

pratiques savantespratique lettréeinterprétationPar contre, celui qui connaissait suffisamment cœur et nature de cet homme, et qui faisait son autocritique au lieu d’abandonner, était en mesure d’obtenir cette connaissance de soi, cet amour strictement scientifique de la vérité que distinguait tout particulièrement Lachmann ; il s’habituait à une interprétation exacte et stricte n’omettant rien par méconnaissance des choses, et il s’habitua à une critique qui ne devine et ne tâtonne jamais, mais qui opère partout selon des principes solides et qui suit une méthode assurée et clairement définie20.

9acteurs de savoirqualités personnellesméticulosité espaces savantslieujardinLes étudiants qui ne se pliaient pas aux attentes et exigences de Lachmann étaient des « gars » qu’il fallait « kappen 21 », ce qui littéralement et dans le domaine du jardinage veut dire « tailler » (notamment dans élagage des arbres, ce qui n’est pas anodin dans le contexte de l’arborescence stemmatologique qui nous intéressera plus tard) et donc éliminer. De par la réputation rébarbative et le rigorisme de Lachmann, le cercle de ses étudiants fidèles restait assez restreint, même quand son renom alla en grandissant. Mais il existait « toujours un petit groupe de disciple fidèles, enthousiastes et, ce qui est le plus parlant : conscients22. »

10acteurs de savoircommunautésecte acteurs de savoircommunautécercle acteurs de savoircatégorie socialeélite acteurs de savoirmodes d’interactionamitié acteurs de savoircommunauté construction des savoirséducationinitiationIl s’agit d’une conception extrêmement élitiste de la philologie et de la science tout court, ainsi que de ses agents. Ces derniers sont des initiés dont non seulement le cercle restreint prend la structure d’une secte, mais aussi la violence avec laquelle sont dénigrés les autres traditions scientifiques et tout individu qui ne se plierait pas aux exigences de la méthode de Lachmann et de sa quête de la vérité. On sépare le bon grain de l'ivraie, on élimine l’ivraie, si elle se trouve au sein du cercle, comme dans le cas des étudiants qui étaient incapables de comprendre la méthode du maître et de se soumettre à l’effort qui leur était demandé pour satisfaire aux exigences de la méthode. C’est une véritable religion du Verbe et de la vérité, avec la seule différence qu’elle prétend ne pas être basée sur une croyance, mais sur le savoir du texte. Elle se veut tout à fait objective et intelligible. Comme dans une secte, il y a surtout un maître garant de la pureté de l’enseignement et gardien de la vérité d’un côté, et des amis et disciples dévoués de l’autre. Martin Hertz décrit la régénération de ce cercle d’initiés lorsque Lachmann voit une génération d’amis de plus en plus décimée par la mort : « Le nombre des siens ne diminuait pas pour autant. De la nouvelle génération naquirent des adhérents fidèles et des disciples reconnaissants. […] Et de ce milieu sortirent successivement des amis, des amis très proches23. » Il en ressort une filiation quasi généalogique entre les savants – Moritz Haupt (1808-1874), par exemple, n’était pas seulement l’élève et le successeur de Lachmann à sa chaire berlinoise, mais aussi son gendre ! –, une famille se réclamant de cette souche de la science à laquelle on voit Lachmann à son origine, même si en réalité les sources de cette lignée sont bien antérieures au xix e, comme l’a si bien démontré Timpanaro.

11 

12acteurs de savoircatégorie socialeéliteCe n’est pas un hasard si on retrouve exactement les mêmes idées de quête de la vérité, d’objectivité, d’élitisme ainsi qu’une approche généalogique dans la méthode même de Lachmann, dite de l’édition historico-critique.

La méthode de l’édition historico-critique

13pratiques savantespratique intellectuellecomparaison pratiques savantespratique lettréecorrectionReprenons la définition que Wikipedia donne de la philologie, mais qui est en fait une définition de la méthode dite de Lachmann : « Une combinaison de critique littéraire, historique et linguistique » qui « vise à rétablir le contenu original de textes connus par plusieurs sources, c’est-à-dire à sélectionner le texte le plus authentique possible, à partir de manuscrits, d’éditions imprimées ou d’autres sources disponibles […], en comparant les versions conservées de ces textes, ou à rétablir le meilleur texte en corrigeant les sources existantes.

14Lachmann n’ayant jamais donné un aperçu complet de sa méthode, il est nécessaire de la reconstituer à partir de remarques qu’on peut trouver dans sa pratique d’éditeur. C’est en faisant ce travail que ses élèves et héritiers intellectuels ont pu, par la suite, en déduire et développé une méthode systématique qui met cependant sous silence le fait que Lachmann n’était pas très cohérent ou, si l’on veut, pas assez souple dans son approche24.

15pratiques savantespratique lettréecorrection pratiques savantespratique intellectuellecritiqueLe premier à avoir décrit de façon cohérente la soi-disant méthode de Lachmann, c’est probablement Martin Hertz dans le cadre de sa biographie. Il s’agit en effet d’un assez bref aperçu de sept pages (p. 191-197). C’est probablement ici qu’il faut chercher les origines de la « méthode de Lachmann » telle qu’on a pu la comprendre pour la première fois. Il y décrit les trois objectifs de la critique que constituent recensio et emendatio d’un texte ainsi que la découverte de son origine voire des contextes de sa genèse dont fait notamment partie l’auteur. Deux chemins y mènent : « Examen des témoins et, au cas où ceux-ci se révèleraient incorrects, réduction des faux témoignages à la vérité25. » Ce sont les deux premiers objectifs – recensio et emendatio – qui se trouvent au centre de l’activité éditoriale et qui sont étroitement liés à la méthode de Lachmann. Ils constituent deux paliers dont le premier, la recensio, est considéré par Hertz comme « le noyau et l’essentiel de la critique lachmannienne26 ». De quoi s’agit-il ?

16inscription des savoirslivremanuscrit pratiques savantespratique intellectuellecomparaisonLa recensio consiste selon l’aperçu de Hertz (qui emploie ici des termes juridiques et qui suit des remarques issues de l’édition du Nouveau Testament de Lachmann 27) en une audition des témoins, en un examen de leur crédibilité et en une présentation des faits avérés28. Il s’agit de recenser et de comparer tous les manuscrits connus d’un texte. Il est évident pour Lachmann (ici cité par Hertz) :

construction des savoirsvalidationauthentificationoriginalQu’à partir d’un nombre suffisant de manuscrits dont le critique aura étudié scrupuleusement les liens de parenté et les particularités, résulte forcément un texte qui s’approche dans le détail comme dans son ensemble du texte original de l’auteur ou de son scribe29.

17typologie des savoirsdisciplinessciences humaines et socialessciences des textesgénétique des textes inscription des savoirslivremanuscritLa recensio doit pouvoir se faire sine interpretatione 30 , sans aucune subjectivité et d’une manière strictement mécanique, en suivant des règles établies. Le critique étudie la genèse du texte « en suivant et en accompagnant pas à pas la tradition du texte31. Notamment sur la base des variantes que certains manuscrits ont en commun, le critique a pour tâche de les grouper en branches de familles pour établir une véritable généalogie. Nous allons y revenir. Cette généalogie lui fournit ensuite les moyens pour juger de la valeur de chaque branche et de chaque membre de la famille et finalement de chaque variante pour l’établissement du texte original. On procède donc par élimination. Et on ne publiera pas tel quel le meilleur manuscrit : « on n’agit pas dans l’intérêt de l’auteur quand on le fait esclave d’un seul manuscrit qui n’est pas forcément bon et jamais parfait, même s’il est le meilleur32. » On le prendra peut-être comme base de l’édition, mais on corrigera ses fautes que l’on aura découvertes par les moyens de la recensio.Toutefois, le texte qu’on obtient par cette méthode – « sans aucun égard à la signification ou aux règles grammaticales » – contiendra encore des fautes. L’original étant presque toujours perdu, c’est tout au plus l’archétype qui le représentera, la version la plus ancienne qu’on puisse reconstituer – « mais [qui n’est] pas le vrai [texte]33 ».

18construction des savoirsvalidationauthentificationPour accéder à l’auteur et au texte authentique – à la vérité donc –, le critique sera forcé d’abandonner son objectivité lors de la deuxième phase du travail éditorial, l’emendatio, en se servant de son propre jugement, de son iudicium, pour trancher dans les cas qui ne sont pas clairs et pour corriger les fautes restantes. « L’objectif de l’emendatio consiste en une présentation de la vérité par la résolution des contradictions34 ». Pour cela, il est d’abord indispensable de savoir ce qui est vraisemblable, pour « procéder à travers le vraisemblable au vrai35 ». Ce vraisemblable est présenté au lecteur dans le cadre de l’appareil critique de l’édition ou dans l’introduction en pesant les variantes équivalentes et en prenant en considération la spécificité et les intentions que le critique attribue à l’auteur.

19construction des savoirsépistémologieobjectivité pratiques savantespratique lettréecorrection pratiques savantespratique intellectuellejugementIl va de soi que le iudicium du critique doit être extrêmement pointu et avoir été développé par une formation du type du séminaire berlinois de Lachmann. Les coniectiones,eux, ont besoin d’un coup de génie. Hertz et la tradition lachmanienne les appellent aussi divinationes 36 , en faisant du critique le prophète de la vérité philologique. Le critique avec sa méthode de la recensio, qui est censé être absolument objectif, devient un artiste non seulement en maîtrisant la technique parfaitement, mais surtout en dépassant cette pure objectivité lors de l’emendatio. Martin Hertz ajoute encore à propos de Lachmann : « La maîtrise de l’entreprise critique dans toutes ses nuances était chez lui devenu une pratique véritablement artistique et une virtuosité au meilleur sens du terme37 ».

20acteurs de savoircatégorie socialeélite acteurs de savoircommunautécercle espaces savantslieusalle de séminaireLors de l’évocation des mécanismes qui régnaient au sein du séminaire berlinois de Lachmann, nous avions vu que le maître s’entourait de fidèles, d’amis et d’étudiants qui devenaient des amis et formaient une sorte de famille ou une filiation qui continua à se propager après la mort du maître, vénéré comme premier philologue moderne à l’origine de la méthode critique. Ce cercle était du temps de Lachmann assez fermé, élitiste, et Lachmann veillait à éloigner les étudiants qui ne se pliaient pas à ses exigences et qui n’adhéraient pas complètement à sa méthode. Il procède alors de la même façon quand il s’agit de sa méthode scientifique, en particulier lors de la recensio. Là aussi, il s’agit de faire un tri, d’éliminer les mauvais manuscrits et les fausses variantes pour finalement s’approcher du texte authentique et de la vérité. Hertz, à propos de la recensio, précise : « Plus la recherche progresse, plus le cercle des témoins se resserre38. »

21construction des savoirsépistémologieméthode inscription des savoirsvisualisationvisualisation de l’informationarbreLa métaphore d’une famille de manuscrits, d’une filiation de manuscrits qu’on remonte branche par branche jusqu’à l’origine, évoque une autre métaphore, celle de l’arbre généalogique, qui en tant que stemma codicum, est devenu le véritable signe distinctif de la recensio et de la méthode de Lachmann tout court, même si Lachmann, dans ses propres éditions – et ce n’est guère connu –, n’avait jamais reproduit de représentations graphiques des filiations de manuscrits, et même si l’idée du stemma codicum est bien antérieure à Lachmann et ses élèves39. L’arborescence des textes dans la tradition lachmannienne donne alors l’illusion d’une filiation plus ou moins claire permettant d’identifier les meilleurs manuscrits et d’en éliminer les mauvais dans le choix de variantes. Illusion, en effet, car, dans la plupart des cas, les manuscrits perdus sont beaucoup plus nombreux que ceux qui nous sont parvenus, ce qui rend extrêmement difficile, sinon impossible la tâche de l’établissement d’une filiation. En dépit de ce fait, les parties d’introduction à des éditions de textes antiques et médiévaux du xix e et du xx e grouillent d’arbres généalogiques.

La tradition de l’arbre généalogique comme métaphore cognitive

22inscription des savoirsvisualisationvisualisation de l’informationarbre inscription des savoirsvisualisationJe ne peux ici qu’effleurer la tradition des arbres généalogiques médiévaux dont l’histoire a été le sujet de Christiane Klapisch-Zuber dans le cadre d’un essai et d’une monographie bien fournie qu’elle a consacré à ce sujet40. L’arbre et l’arborescence sont, en effet, omniprésents dans la littérature et l’iconographie savantes depuis le Moyen Âge, mais aussi popularisés par des arbres généalogiques de toutes sortes. Il s’agit d’une image mentale puissante, associée à des métaphores suggestives (telles que la racine, le tronc, la branche, la ramification, les feuilles, les fruits, etc.) permettant d’organiser par des moyens à la fois diagrammatiques et non abstraits, un savoir complexe, mais cohérent et d’en dessiner les dépendances voire de remonter jusqu’à une origine.

23acteurs de savoircommunautéfamille typologie des savoirsdisciplinessciences humaines et socialessciences des religions inscription des savoirsvisualisationvisualisation de l’informationarbreAu ix e déjà, on trouve des « arbres du droit » (arbores juris, arbores consanguinitatis)définissant de façon théorique entre autre les degrés de parenté cognatiques ; puis les arbres des généalogies bibliques (notamment le Compendium historiae in genealogia Christi de Pierre de Poitiers à la fin du xii e , et les représentations de l’arbre de Jessé plus connus, mais dont l’importance a été fortement relativisée par Klapisch-Zuber 41) ; ensuite celles des grandes familles aristocratiques soucieuses de se raccrocher à des racines carolingiennes, romaines ou troyennes ; mais aussi les arbres du savoir, les arborescences de la scolastique philosophique et théologique visualisant des catégorisations logiques et hiérarchiques de toute sorte. L’arbre généalogique comme « métaphore cognitive42 » et comme moyen de visualisation qui permet d’organiser hiérarchiquement tout savoir humain, facilitant ainsi le processus cognitif, prend alors un essor spectaculaire à partir du xiii e et se propage encore davantage avec les moyens de l’imprimerie au seuil de la modernité et au-delà.

24Le xix e verra un véritable regain d’intérêt dans l’utilisation de l’arborescence, surtout dans le contexte des sciences naturelles, et notamment en biologie avec l’élaboration de son système de taxonomie. On pense évidemment à Darwin et à son arbre évolutionnaire. Partout, il s’agit de clarifier des liens de parenté, de remonter une filiation jusqu’à la source, jusqu’au point de départ. Le but consiste à élaborer une représentation schématique de ce qui est perçu comme une réalité, ou, avec les mots de Lachmann, de la vérité même si la source, le point de départ, l’auteur, reste dans quelques cas incertains. Les sciences du xix e, tout en nouant (consciemment ou pas) avec des traditions médiévales, tentèrent de remplacer la croyance par le savoir. Leurs arbres généalogiques sont établis à l’aide de méthodes censées être parfaitement objectives. Cette objectivité n’est pourtant que très relative : la plupart des arbres généalogiques représente une simplification d’une situation qui, en réalité, est beaucoup plus complexe. Ainsi, la tradition manuscrite d’un texte médiéval est presque toujours marquée par des pertes importantes de témoins (on parle de l’ordre de 50 % par siècle !) rendant extrêmement difficile la tâche de suivre les filiations. Et quand des scribes se servent de manuscrits de différentes branches de l’arbre (on parle, dans ce cas, de “contaminations”, comme s’il s’agissait d’une maladie honteuse), l’établissement d’un stemma codicum devient une mission carrément impossible43.

25typologie des savoirsdisciplinesdivisions historiques des savoirsscolastique construction des savoirsépistémologiecroyance pratiques savantespratique rituelledivinationSi on y ajoute la phase de l’emendatio qui est dépendante du génie divinatoire du critique et qui, même si elle est bien argumentée et si elle se base sur des probabilités et sur le vraisemblable, demande au lecteur la confiance en l’éditeur. La quête de la vérité si chère à Lachmann n’est donc finalement qu’une chimère44 aussi empreinte de subjectivité et de croyance que la quête des scolastiques médiévaux avec leurs preuves scientifiques de l’existence de Dieu.

26inscription des savoirsvisualisationIl reste que l’arborescence, comme puissante image mentale représentant un moyen de rendre visible, évidente et intelligible des liens de parenté qui mènent à une vérité originelle, est fortement ancrée dans la pensée de Karl Lachmann. Il n’a même plus besoin d’une visualisation graphique. Il lui suffit de parler de « tronc », de « branches », de « ramifications », de « filiations », de « Tochterhandschriften » ou de « Schwesterhandschriften » (manuscrits « filles » et « sœurs »), de « manuscrits jumeaux » etc. pour évoquer immédiatement l’image de l’arbre et de la généalogie. Et si, au xix e siècle, les arbres généalogiques et les arborescences de la science naturelle sont souvent des arbres inversés, se développant du haut vers le bas – c’est aussi le cas de la plupart des stemmata codicum –, on renoue peut-être avec l’idée évoquée par Platon dans son Timée. L’homme, dit le philosophe, est un arbre inversé dont les origines se trouvent enracinées en-haut, dans le ciel. En effet, l’âme est  ce:

Que Dieu nous [...] a donnée comme un génie, et c’est le principe que nous avons dit logé au sommet de notre corps, et qui nous élève de la terre vers notre parenté céleste, car nous sommes une plante du ciel, non de la terre, nous pouvons l’affirmer en toute vérité. Dieu a suspendu notre tête et notre racine à l’endroit où l’âme fut primitivement engendrée et a ainsi dressé tout notre corps vers le ciel45.

27On trouve, et ce n’est certainement pas un hasard, de nombreux arbres généalogiques inversés au Moyen Âge déjà, notamment dans le cas des arbores consanguinitatis et des généalogies aristocratiques et monarchiques. L’origine recherchée au moyen de l’arbre généalogique devient ainsi une origine divine représentant une vérité suprême.

28Dans le cas de Lachmann, cela vaut autant pour sa quête de la vérité concernant l’authenticité de ses textes édités que pour la généalogie des savants et philologues dont il devient, en tant que maître et garant de la pureté méthodologique et scientifique, le point de départ, l’origine, la référence quasi intouchable, car relié à une vérité suprême. Dans ce contexte, l’arbre est un modèle de pensée très présent, une métaphore cognitive concrète pour un concept de pensée abstrait, celui de la vérité et des chemins qui y mènent.

Conclusion

29acteurs de savoirstatutfondateur construction des savoirstradition construction des savoirsépistémologieméthode Timpanaro l’avait clairement démontré, Lachmann n’a pas inventé la méthode qu’on lui prête. Il a puisé dans une tradition qui lui est bien antérieure. Son mérite est d’avoir simplifié certaines techniques et d’avoir fourni une base à une systématisation, propagée par ses élèves et successeurs qui ont fait de Lachmann leur aïeul, leur référence. Martin Hertz et sa biographie du maître y contribua certainement. Ses élèves et adeptes trouvant leur place à la pointe des structures académiques de différentes disciplines académiques, profitant du renom de Lachmann comme éditeur dans le domaine des sciences de l’antiquité, de la théologie ou de la germanistique naissante, la méthode historico-critique arriva à se propager assez rapidement pour s’imposer dans les pays germanophones comme méthode philologique par excellence. On peut être d’accord avec Sotera Fornaro, quand elle écrit, dans son article consacré à « Karl Lachmann et sa méthode » :

typologie des savoirsdisciplines acteurs de savoircatégorie socialeélite typologie des savoirsdisciplinessciences humaines et socialessciences des textesphilologieLa philologie constituait alors une caste de professionnels, une élite à l’intérieur de l’ancienne bourgeoisie qui aspirait à occuper les chaires universitaires. La science du texte voulait se distinguer, grâce à son exactitude et son objectivité, aussi bien de la subjectivité de la critique littéraire, basée sur les critères du goût, que de l’historiographie littéraire ; ainsi l’établissement de règles fixes pour la recensio visait, du point de vue de Lachmann, à donner aux professionnels de la philologie un guide précis garantissant la scientificité et donc l’uniformité de leur travail. Sur la base du respect de la méthode commença donc une sévère sélection des philologues, et la corporation contrôla par la suite ses membres à travers des instruments scientifiques (revues, congrès), excluant le cas échéant de la communauté ceux qui ne savaient pas suivre ou respecter les règles. La disciplinarisation devint, avec Lachmann et son élève, gendre, et successeur Moritz Haupt (1808-1874), pour les professeurs de philologie classique comme de germanistique, le devoir principal de la philologie universitaire.46

30acteurs de savoirqualités personnellesLa méthode de Lachmann n’est pas uniquement une méthode de travail, c’est aussi un mode de pensée, un habitus académique47. La recensio est aussi celle de l’établissement d’un arbre généalogique des lachmanniens et de la sélection de ses bons membres, garantissant ainsi la pureté de la vérité, d’une doctrine attribuée au patriarche comme auteur à l’origine de cette généalogie. Le but inavoué était ce que Fornaro attribue déjà à Lachmann, c’est-à-dire d' : 

construction des savoirsépistémologieméthode acteurs de savoircommunautéAssurer à la Germanistik, la ‘science allemande’ par excellence, une dignité scientifique et institutionnelle analogue à celle de l’Altertumswissenschaft, en constituant une communauté scientifique qui sache se reconnaître dans une méthode de travail ; une méthode grâce à laquelle les philologues se distingueraient des dilettantes et des amateurs de la discipline, ceux qu’on considérait comme des ‘profanes’ (Laien) et dont les travaux florissaient dans l’atmosphère du romantisme48.

31acteurs de savoircommunautésecteLa “philologisation” de la germanistique qui se mit en place à partir de la deuxième moitié du xix e et qui domina la discipline pendant un siècle, est la preuve de l’efficacité du système mis en pratique par Lachmann et ses disciples. La secte est rapidement devenue église et ce n’est que la mise en question de la discipline à la suite des remous de mai 1968 qui finit par avoir raison de la philologie lachmannienne. Pourtant, le spectre de Lachmann continue à hanter les dictionnaires et même les couloirs des universités.

Notes
1.

URL : https://fr.wikipedia.org/wiki/Philologie ; consulté le 21/06/19.

2.

Timpanaro, 1963.

3.

Timpanaro, 1971.

4.

Timpanaro, 2016.

5.

Fornaro, 2011/2014, p. 2.

6.

Cf. l’étude minutieuse de Fiesoli, 2000.

7.

Cf. les citations infra.

8.

Hertz, 1851.

9.

Ibid., première page de la préface non paginée.

10.

Ibid. [Toutes les traductions de l’allemand vers le français sont de René Wetzel]. Hertz cite ici Lachmann, 1839, p. VIII. Il s’agit de la préface des Philologische Abhandlungen de son ami Clemens August Karl Klenze que Lachmann édita après le décès de l’auteur. 

11.

Hertz, 1851, p. 255.

12.

Ibid., p. 199.

13.

Ibid., p. 229.

14.

Ibid., p. 82.

15.

Ibid., p. 84.

16.

Ibid., p. 85.

17.

Ibid., p. 83.

18.

Ibid..

19.

Ibid., p. 84.

20.

Ibid., p. 85.

21.

Ibid., p. 84.

22.

Ibid., p. 89

23.

Ibid., p. 243.

24.

Lutz-Hensel, 1975 ; Weigel, 1989 ; Bein, 2008.

25.

Hertz, 1851, p. 191.

26.

Ibid., p. 192.

27.

Lachmann etButtmann, 1840-1850, ici vol. I, p. I.

28.

Hertz, 1851, p. 191.

29.

Lachmann, 1820, p. X, cité par Hertz, 1851, p. 192-193.

30.

Hertz, 1851, p. 191.

31.

Ibid., p. 193.

32.

Lachmann, 1822, p. 103, cité dans Hertz, 1851, p. 192.

33.

Hertz, 1851, p. 194.

34.

Ibid., p. 196.

35.

Ibid.

36.

Ibid.

37.

Ibid., p. 197.

38.

Ibid., p. 193.

39.

Ginzburg, 2005, p. 242.

40.

Klapisch-Zuber, 2000 ; Klapisch-Zuber, 2003 que je suis pour mon bref tour d’horizon.

41.

Klapisch-Zuber, 2000, p. 223.

42.

Cf. Ginzburg, 2005, p. 227.

43.

Sans parler des stemmata pour la plupart bipartis, ce qui ne devrait pas avoir constitué la règle et défierait tout calcul de probabilité (cf. Timpanaro, 2016, annexe 3).

44.

On pensera aussi aux nombreuses incohérences, aux infractions contre les règles, aux « normalisations » de la langue et de la métrique qui devaient correspondre à un idéal de facto construit arbitrairement.

45.

Platon, Timée 90b.

46.

Fornaro, 2011/2014, p. 7.

47.

Bourdieu, 1984.

48.

Fornaro, 2011/2014, p. 7.

Appendix A Bibliographie

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Fornaro, 2011/2014 : Sotera Fornaro, « Karl Lachmann et sa méthode », Revue germanique internationale [En ligne], 14, mis en ligne le 24 octobre 2014, consulté le 10 décembre 2019. URL : http://rgi.revues.org/1281 ; DOI : 10.4000/rgi.1281
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