Naïs Virenque

Introduction

1acteurs de savoiracteur non humainobjet artificiel pratiques savantespratique intellectuelleraisonnementChercher à définir la matérialité des raisonnements et à caractériser leur évolution dans le temps pose un triple problème qui semble relever d’une antinomie fondamentale : celle de l’irréductibilité de la pensée à l’objet matériel, et, réciproquement, celle de l’idiosyncrasie de l’objet, qui paraît exclure par définition la singularité des raisonnements ou, au contraire, leurs potentielles aspirations à l’universalité.

2Le premier volet de ce problème concerne les natures distinctes des raisonnements et de leurs matérialisations – au sens d’un processus qui leur confère une existence en tant qu’objets concrets, dont l’apparition dispose de coordonnées propres dans le temps et dans l’espace. De fait, les raisonnements consisteraient en une activité mentale et processuelle qui serait par essence immatérielle, le résultat de leur matérialisation, en un produit manufacturé identifiable par ses aspects techniques.

3Le deuxième volet concerne la définition contemporaine des raisonnements, communément admis comme des processus en acte toujours susceptibles d’être approfondis. Contrairement à l’action de matérialisation, qui présuppose le début et la fin d’un acte créateur se déployant dans l’espace et dans le temps, le raisonnement ne serait pas soumis à la finitude : en échappant aux limites spatio-temporelles qui définissent l’objet matériel dans son être-au-monde, le raisonnement s’accomplit en propre dans sa capacité à être prolongé, approfondi, reformulé.

4inscription des savoirslivretexteLe troisième volet du problème concerne la nature des outils à l’œuvre dans la production d’un raisonnement, et en particulier celle du texte qui, depuis le xix e siècle, passe pour l’outil par excellence d’une pensée construite, précise et perspicace. Ce qui se pense clairement s’énonce clairement, répète-t-on à loisir dans les considérations pédagogiques des xix e et xx e siècles : un lien étroit – et ontologique ? – serait alors censé relier la formation de la pensée et son énonciation verbale, comme si la première ne trouvait son accomplissement que dans la seconde, et que la seconde était le seul médium par lequel communiquer efficacement et universellement un raisonnement dans toute sa complexité.

5typologie des savoirsobjets d’étudepensée typologie des savoirsdisciplinessciences humaines et socialesphilosophiephilosophie des sciencesCes trois volets participent d’une même problématique : celle de l’examen des liens entre les raisonnements et leur matérialité à travers le prisme de l’abstraction. Raisonner, en particulier depuis Hegel, ce serait abstraire et organiser mentalement des concepts, des théories, des notions, qui n’auraient de valeur que dans leur tension vers des universaux aptes à couvrir la totalité de la réalité soumise à l’activité de la raison. Or, en plus d’être contestable du point de vue philosophique – un raisonnement abstrait et universel est-il possible ? –, une telle antinomie entre le raisonnement et sa matérialité constitue un paradigme nettement déterminé dans le temps, qui ne recouvre pas, loin s’en faut, l’intégralité de l’histoire de la pensée.

6inscription des savoirsécriture typologie des savoirsobjets d’étudematière pratiques savantespratique corporelleperception inscription des savoirslivretexte typologie des savoirsdisciplinessciences formelles et expérimentalesDu point de vue diachronique, les trois volets du problème de la définition de la matérialité des raisonnements paraissent même globalement insignifiants. De fait, le premier s’estompe dès lors que l’on prend en compte le fait que les considérations médicales et physiologiques ont, depuis l’Antiquité, cherché à localiser le siège de la pensée d’un point de vue anatomique, rendant par-là impossible d’envisager une pensée détachée de son existence au moins organique1. Le deuxième omet le fait que, jusqu’au développement de la pensée cartésienne, il est impossible de concevoir l’infinité en acte, y compris celle des raisonnements, et que, depuis le xx e siècle, le développement de l’informatique et des sciences de la matière ont profondément bouleversé les paradigmes de la finitude des objets et des corps, rendant leur perception bien moins incompatible avec la non-finitude potentielle d’un raisonnement. Le troisième volet, quant à lui, ne passe pas seulement sous silence l’opérativité des schèmes mentaux à l’œuvre dans la production de raisonnements, qui reposent sur des modèles formels longtemps matérialisés figurativement, comme des architectures ou des tableaux. Il exclut également le fait que le texte dispose lui-même d’une matérialité graphique et que, du point de vue cognitif, l’énonciation verbale demeure étroitement liée à l’existence d’un alphabet dont l’assimilation repose fondamentalement sur la matérialité de l’écriture. Par ailleurs, il omet de prendre pleinement en considération le fait que, pour Aristote, « l’âme ne pense jamais sans image »2, ce qui présuppose, d’une part, que la pensée se fonde nécessairement sur des objets dont l’existence mentale provient des données de la perception ; d’autre part, que toute matérialisation de la pensée est en fait susceptible de constituer une ré-matérialisation – dans d’autres circonstances et par d’autres media –, d’objets perçus que la pensée avait abstraits de leur matérialité. Il en résulte un constat essentiel : dans une telle perspective, les objets matériels servent de modèles à la pensée et interviennent donc, lors de l’élaboration de cette dernière, sur le registre de la modélisation.

7pratiques savantespratique intellectuelleanalogieÀ ces considérations historiques et philosophiques s’ajoute la nécessité de prendre en compte la force qu’exercent la matérialité et sa perception sur l’activité de la raison. Cette force se remarque en particulier dans la terminologie occidentale sur laquelle repose la définition de l’activité mentale depuis l’Antiquité : raisonner revient à « produire » du sens, à « fabriquer » des « chemins », des « passerelles », des « cases », des « liens » ou encore des « sauts » – autant d’activités et d’objets indissociables de la matière grâce auxquels il est pourtant possible, précisément, d’exprimer un raisonnement. Ce mode d’expression relève de la métaphore au sens où la définit Hans Blumenberg lorsqu’il pose les bases de la métaphorologie3, c’est-à-dire une science « au service de l’histoire des concepts4 », qui « a répertorié et décrit les difficultés qui apparaissent dans la zone qui précède la formation des concepts5 » – autant de difficultés qui ne trouvent leur solution énonciative que dans la métaphore. Pour Hans Blumenberg, certaines métaphores doivent même « être appelées absolues6 », ce qui « signifie seulement qu’elles s’avèrent résistantes face à la prétention terminologique, qu’elles ne peuvent pas être résolues en conceptualité7 ». Il semblerait que ce soit le cas des métaphores qui exploitent l’efficacité évocatrice d’activités et d’objets intrinsèquement liés à la matière pour désigner des opérations de la pensée. Ces métaphores constituent les conditions sine qua non de l’expression des raisonnements : « [d]ans un sens très large, leur vérité est d’ordre pragmatique. En tant que repère pour des orientations, leur contenu détermine une attitude, elles donnent une structure au monde, elles représentent la totalité de la réalité dont on ne peut jamais faire l’expérience et que l’on ne peut jamais entièrement appréhender8 ». En outre, comme le soulignent George Lakoff et Mark Johnson en détaillant l’existence de métaphores conceptuelles, certains concepts eux-mêmes ne peuvent s’exprimer que par métaphore, ce qui met à nouveau en évidence, comme l’avait énoncé Aristote, que des objets matériels perçus par les sens modélisent activement la pensée9. Il en résulte que la binarité entre les raisonnements d’une part, et la matérialité de l’autre, ne peut être que contestable, et surtout largement insuffisante pour caractériser l’imbrication étroite de la pensée et de la matière.

8inscription des savoirsvisualisation pratiques savantespratique intellectuellemémorisationD’un point de vue historique, prendre en compte cette imbrication paraît d’autant plus nécessaire que, depuis l’Antiquité, l’élaboration de la pensée est intimement liée à la permanence mnésique de la sensation – la mémoire étant, en particulier dans la philosophie aristotélicienne, la faculté grâce à laquelle l’expérience s’unifie et peut alors servir de fondement à l’expression des raisonnements (logismos)10. Depuis l’Antiquité, la définition de la pensée est donc indissociable de celle de la mémoire, que ce soit d’un point de vue philosophique ou médical, mais également d’un point de vue rhétorique11. Les rhétoriciens grecs, puis, surtout, les orateurs latins, n’ont en effet eu de cesse de souligner la puissance extrêmement stimulante et créatrice des techniques de mémorisation, qui préconisent d’élaborer mentalement des structures propres à accueillir les souvenirs sous la forme d’images et/ou de textes dans un ordre précis, dans le but de produire et d’énoncer des discours rigoureux, percutants et efficaces12.

9Or, de telles techniques qui, dès le i er siècle avant J.-C., constituent un art de la mémoire (ars memoriae)13, reposent sur l’opérativité mentale d’un ductus, c’est-à-dire un fil directeur dynamique grâce auquel les idées s’enchaînent de manière ordonnée, cohérente et convaincante. Du point de vue métaphorologique, le ductus relève de ce que Blumenberg appelle les « éléments constitutifs fondamentaux du discours philosophique, des "transferts" que l’on ne peut pas ramener à l’authentique, à la logicité14 » : il désigne à la fois le cheminement de la raison et le moteur qui permet de l’effectuer. Du point de vue rhétorique et cognitif, il constitue donc le fondement même de l’enargeia (ou, en latin, de l’evidentia) des discours et des raisonnements qui les sous-tendent : il autorise l’intelligibilité du raisonnement en produisant des liens sémiques entre les idées. Ce faisant, il favorise la production des raisonnements, mais autorise également leur compréhension et leur juste interprétation dans le cadre d’une éthique de la transmission et de la réception.

10typologie des savoirsdisciplinessciences humaines et socialessciences du langagerhétoriqueL’efficacité informatrice du ductus ne caractérise pas seulement les pratiques rhétoriques de l’Antiquité – qui, du reste, excèdent largement la sphère de la constitution de discours à visée délibérative, et reflètent puis innervent progressivement toute activité mentale en fournissant aux entreprises intellectuelles et spéculatives des concepts et des processus d’une grande fécondité. Elle se retrouve, par exemple, au cœur de la discipline monastique, dont la méditation et l’élévation spirituelles sont la visée principale15. Dans la culture monastique, l’activité mentale est un métier, pour lequel l’apprenti doit apprendre à non seulement se servir de ses outils, mais aussi à les fabriquer16 : les moines n’ont jamais rédigé de manuels de rhétorique, mais ils témoignent d’une fabrication foisonnante de représentations et de schèmes cognitifs qui caractérisent en propre des savoir-faire mentaux. La pensée créatrice monastique repose sur l’imitation d’exemples, de tropes de langage et d’images matérielles comme immatérielles – une tâche ardue qui relève en plein de la rhétorique et qui requiert une longue éducation, une pratique intense ainsi qu’une discipline rigoureuse. En somme, dans la culture monastique, penser est une praxis. L’homme n’y a pas d’idées, pas de souvenirs, mais il les fabrique, ce qui met profondément à mal la binarité entre raisonnement et matérialité en rendant floues les frontières terminologiques entre les deux, mais surtout en remettant en cause la nécessité d’une distinction ontologique entre le matériel et l’immatériel lorsqu’il s’agit de mettre au point l’outillage de la pensée.

11inscription des savoirsvisualisationimageReste que, malgré les emprunts à l’imaginaire pratique et technique que l’appareil notionnel de la rhétorique antique et médiévale applique à l’activité de l’esprit, il ne va pas de soi que l’outillage mental conduisant à la production, à l’énonciation et/ou à l’assimilation de raisonnements repose concrètement sur des objets matériels propres à le former et/ou à l’informer. Ces cinquante dernières années, l’historiographie des habitudes mentales, des processus cognitifs, des techniques de mémoire et des liens entre textes et images17, ainsi que la naissance récente de la science diagrammatologique18 visant à comprendre l’efficacité visuelle et mentale de toutes sortes de figures diagrammatiques19, s’efforcent de caractériser les liens qui existent ou ont pu exister entre les objets matériels et les raisonnements. La diversité des contextes, la difficulté de l’accès à certaines sources figuratives de même que la complexité d’analyser des pratiques mentales par essence immatérielles (qui échappent donc aux sources textuelles et figuratives) rendent la tâche ardue. Pour autant, il demeure possible d’établir de nombreux constats et hypothèses, qui soulignent majoritairement le rôle essentiel que la matérialisation concrète des ducti a joué dans la formation des raisonnements au fil de l’histoire.

12Au Moyen Âge et à l’époque moderne, une telle matérialisation se caractérise par une grande pluralité formelle. Les modèles de structures selon lesquelles les ducti se déploient sont en effet d’une grande variété : architectures, paysages, tableaux, roues, animaux, corps humains, zodiaque ou encore topographie biblique, ces structures se définissent par leur capacité répartitrice et distributive. Elles informent des raisonnements, qui sont le plus souvent plaqués sur elles, en leur impulsant une dynamique propre et en favorisant leur intelligibilité sur le principe de l’hypotypose – c’est-à-dire, en en proposant une formalisation parlante et souvent animée. Mais force est de constater, du point de vue quantitatif, que les structures les plus efficaces et les plus répandues sont celles qui exploitent le modèle répartiteur de l’arbre20 [fig. 1 à 7 ; 10 et 11] puis de l’arborescence [fig. 12]. De l’Antiquité à l’époque moderne, racines, troncs, branches, feuilles, fleurs ou encore fruits constituent les outils mentaux d’une opérativité organisatrice, cognitive, mnémotechnique et didactique redoutable, à tel point qu’elles innervent encore aujourd’hui le lexique de la pensée et constituent une métaphorologie à part entière de l’activité intellectuelle.

13inscription des savoirsvisualisationvisualisation de l’informationarbreEn particulier au Moyen Âge et à l’époque moderne, les arbres et les arborescences répartiteurs ont fait l’objet d’une matérialisation foisonnante d’une remarquable complexité. Nous nous proposons d’en explorer les typologies, les champs d’effectivité et les modes d’opérationnalité afin de comprendre en quoi, de l’Antiquité tardive à la veille du xvii e siècle, le modèle de l’arbor constitue un pilier fondamental de l’histoire occidentale de la matérialité des raisonnements.

Stemmata et arbores : aux origines formelles et figuratives des arbres répartiteurs médiévaux

14Du point de vue formel et quantitatif, un premier constat s’impose en observant les très nombreux arbres répartiteurs [fig. 1 à 7 ; 10 et 11] qui jouent des rôles structurants dans les quatre principaux champs d’effectivité de la pensée médiévale, c’est-à-dire la cognition, la spiritualité, l’éthique et la mémoire des origines. Ce constat concerne l’orientation de ces arbres : ils constituent les ducti de processus de pensée en se déployant majoritairement de façon verticale.

15Une telle verticalité doit toutefois s’examiner avec précaution, en tenant compte de deux points essentiels. D’une part, au Moyen Âge, la pluralité formelle et l’évolution dans le temps des structures en arbre donne lieu à de nombreux cas limites, qui exploitent parfois l’efficacité formelle et figurative d’autres structures, telles que le cercle ou le tableau. D’autre part, la définition d’un arbre répartiteur mérite quelques précisions historiques et terminologiques.

16Par « arbre répartiteur », nous entendons un objet figuratif clos, qui se définit par sa continuité graphique. De ce point de vue, un arbre répartiteur est un diagramme : il distribue des éléments qu’il localise précisément dans l’espace, et sa parcourabilité visuelle favorise leur assimilation dans un ordre précis et signifiant21. La continuité graphique des arbres répartiteurs les distingue d’un autre type de structure souvent dite « en arbre », qui se retrouve fréquemment dans les marges des manuscrits médiévaux, en particulier à partir du xii e siècle : les graphes stemmatiques [fig. 8 et 9], c’est-à-dire un ensemble de délinéations graphiques qui relient et répartissent du texte (selon les cas, du simple mot à plusieurs phrases) sans l’enclore dans un quelconque cadre localisant22. Ces graphes, qui rendent généralement compte de distinctions (distinctiones) entre, par exemple, les composantes d’un domaine épistémique, d’un ouvrage ou d’un raisonnement23, possèdent en revanche, la plupart du temps, une orientation horizontale. Contrairement aux arbres répartiteurs, qui exploitent davantage l’efficacité visuelle et cognitive de l’image, les graphes stemmatiques utilisent davantage le mode d’opérationnalité de la lecture occidentale en se parcourant de gauche à droite.

17Les arbres répartiteurs et les graphes stemmatiques procèdent d’un même modèle, celui du stemma. Sur les murs des atria des maisons romaines, les stemmata constituent des réseaux de délinéations qui relient entre eux les portraits en médaillon des ancêtres d’une famille24, sans nécessairement faire appel à l’imaginaire de l’arbre. Les arbres répartiteurs leur empruntent leur verticalité ; les graphes stemmatiques, leur sobriété graphique. C’est probablement sa plurilinéarité, sa capacité à modéliser des distinctions ainsi que son usage en botanique qui conduit le stemma à innerver en profondeur l’imaginaire visuel et terminologique de la structuration en arbre de la pensée et des discours. Dès l’Antiquité, il est progressivement remplacé par le terme « arbor », qui désigne alors tout type de structure tracée possédant un appareil graphique plurilinéaire, qu’elle soit ou non formellement et figurativement proche d’un arbre véritable25.

18pratiques savantespratique intellectuelleclassementLe modèle de l’arbor présuppose une structure qui impulse parcourabilité visuelle ordonnée. La plupart du temps, l’ordre de cette structure correspond à un déploiement du général au particulier que matérialisent les divisions et les subdivisions du tronc en branches puis en sous-branches. Dans le cas des arbres répartiteurs diagrammatiques, le sens de cet ordre n’influe pas sur leur symbolique d’axes mundi inspiré par leur verticalité. Qu’ils exploitent en effet le modèle descendant de la dérivation néoplatonicienne ou celui, ascendant, de l’élévation chrétienne, ces arbres permettent à leur lecteur/spectateur de progresser visuellement et mentalement entre les régions terrestres et les régions célestes. En symbolisant la croissance de l’arbre de vie, ils soutiennent ainsi l’élévation intellectuelle et/ou spirituelle de celui qui les lit et les regarde26.

Diversité formelle et pluralité des modes d’opérationnalité

19Du point de vue historique, il est fort probable que des outils grapho-figuratifs existent depuis les premiers moments de la pensée écrite. Il est en tout cas très probable que de tels outils se trouvaient dans des copies de textes, comme ceux de Platon ou d’Aristote, qui circulaient dès l’Antiquité – une époque durant laquelle il n’est pas exclu que certains cours se soient déroulés dans des salles ornées d’affiches où se trouvaient des images pédagogiques27.

20Toutefois, la première tradition formelle qui préside à la culture médiévale de l’arbre répartiteur est celle qui donne lieu au dit arbre de Porphyre ou arbor porphyriana 28. Celui-ci constitue le résultat grapho-figuratif de la matérialisation du deuxième chapitre de l’Isagoge 29, l’ouvrage dans lequel, au iii e siècle après Jésus-Christ, le néoplatonicien Porphyre de Tyr interprète les Catégories d’Aristote. Porphyre n’est pas lui-même à l’origine de l’arbre, qui n’apparaît que dans la traduction qu’en fait Boèce, et dont on ne possède aucun manuscrit antérieur au x e siècle. Des délinéations inspirées du modèle de l’arbor y matérialisent la subordination des espèces aux genres, sur laquelle repose la progression du raisonnement conduisant à définir ce qu’est l’homme en partant de la définition de la substance [fig. 1 et 2]30. Ce diagramme, qui se regarde de haut en bas, exploite un mode d’opérationnalité diaïrétique, c’est-à-dire qu’il procède par dichotomie (diairesis) : chaque étape du raisonnement, matérialisée par un embranchement, donne à voir les deux espèces qui constituent un genre, mais seule l’une des deux fait ensuite l’objet d’une nouvelle distinction pour parvenir à la définition de l’homme.

21typologie des savoirsdisciplinesdivisions historiques des savoirsarts libéraux pratiques savantespratique corporelleperceptionvisionLa culture visuelle médiévale de l’arbre répartiteur repose sur une deuxième tradition formelle et figurative : celle de la division de la philosophie et/ou des sciences (divisio philosophiae ou scientiae)31. Ces divisiones matérialisent sur le modèle de l’arbor la pluralité des domaines du savoir – arts libéraux, vertus cardinales et/ou théologales, autres domaines épistémiques comme les sciences de la nature, mais aussi leurs composantes ou encore leurs champs d’application [fig. 3, 4 et 7]. Contrairement aux arbores porphyrianae, qui respectent systématiquement le raisonnement logique fondé sur la progression diaïrétique de la substance à l’homme, les divisiones philosophiae ou scientiae tendent à l’exhaustivité : elles exploitent l’opérativité de l’embranchement pour matérialiser toutes les distinctions et tous les niveaux hiérarchiques entre les éléments qu’elles répartissent. Leur mode d’opérationnalité n’est donc pas diaïrétique, mais encyclopédique.

22construction des savoirstraditionUne troisième tradition nourrit la culture médiévale de l’arbre répartiteur : celle de la généalogie qui se mesure à partir de figures qualifiées d’arbores juris 32. Durant le haut Moyen Âge, la littérature ecclésiastique s’empare du problème juridique et théologique qui consiste à rendre compte graphiquement des liens qui unissent les membres d’une même famille. Des arbores juris (consanguinitatis et affinitatis) sont alors produits dans le but de donner à voir le degré auquel deux individus sont liés par le sang afin de réguler les questions d’héritage et d’éviter l’inceste [fig. 5 et 6]. Du point de vue formel et figuratif, ces arbres ne sont pas les héritiers des stemmata des maisons romaines, ils n’entretiennent aucun lien avec les tables de lois qui assuraient les mêmes fonctions dans l’Antiquité (elles-mêmes appelées « arbores juris » à partir du ix e siècle) et, jusqu’à la demande contraire d’Isidore de Séville, ils ne font l’objet d’aucune végétalisation33. En revanche, ils donnent à voir les différents grades des membres d’une famille dans des cadres localisants et permettent à leur utilisateur de se déplacer de l’un à l’autre afin d’examiner précisément le degré de parenté qui unit deux personnes d’une même famille. De ce fait, contrairement à l’arbor porphyriana [fig. 1 et 2] et aux divisiones philosophiae ou scientiae [fig. 3, 4 et 7], les arbores juris [fig. 5 et 6] ne matérialisent pas un raisonnement ou une hiérarchie, mais constitue un socle visuel à partir duquel il est possible de raisonner.

De l’époque carolingienne à la fin du Moyen Âge : panorama chronologique des arbres répartiteurs

23pratiques savantespratique intellectuellemémorisationÀ partir du ix e siècle 34, la pensée carolingienne attribue aux arbores une place croissante dans l’organisation et la transmission des savoirs35. Mais c’est surtout au cours du dernier tiers du xi e siècle que les arbres répartiteurs matérialisent de plus en plus fréquemment des raisonnements à vocation épistémique en organisant visuellement des ordres ou des hiérarchies à des fins mnémotechniques. Au xi e siècle, le théologien Hugues de Saint-Victor (1096-1141) décrit ce processus avec précision. « Je vais maintenant te montrer combien [la] visualisation mentale (consideratio) est utile à l’apprentissage36 » : « toute l’utilité de l’enseignement consiste en effet dans la mémoire que l’on en garde37 », écrit-il à son lecteur étudiant dans le De tribus maximis circumstantiis gestorum. Dans cette perspective, mémoriser consiste en premier lieu à appréhender un contenu dans le temps et dans l’espace : « c’est en effet la séparation des choses qui rend celles-ci visibles (discretio rerum evidentiam facit)38 », énonce encore Hugues de Saint-Victor, de sorte que la temporalité et la spatialité du souvenir correspondent à l’ordre dans lequel les choses sont organisées39.

24typologie des savoirsdisciplinesdivisions historiques des savoirsencyclopédisme inscription des savoirsvisualisationvisualisation de l’informationdiagrammeÀ partir du xii e siècle, en raison de leurs vastes qualités heuristiques et didactiques, les arbres répartiteurs deviennent de plus en plus nombreux et innervent progressivement des champs de la pensée et de la connaissance de plus en plus variés, sans toutefois que cette diffusion n’implique un abandon des modèles traditionnels : l’arbor porphyriana se maintient dans les ouvrages de logique dont il devient l’outil diagrammatique de référence ; la reproduction de diagrammes encyclopédiques demeure extrêmement fréquente, et les arbores juris continuent à alimenter les ouvrages de droit et à réguler les pratiques matrimoniales.

25construction des savoirsépistémologiemodèleÀ partir du xii e siècle, la diffusion des arbres répartiteurs reflète l’élargissement important des domaines dans lesquels intervient le modèle flexible et adaptable de la divisio, qui ordonne des subdivisions de plus en plus nombreuses. Plus largement, cette diffusion se caractérise par un recours de plus en plus fréquent à l’arbor pour matérialiser des ducti plurilinéaires. Elle se fonde sur le renforcement de l’idée selon laquelle l’élévation de l’âme vers la connaissance requiert une progression graduelle initiatique, au sein de laquelle chaque étape constitue un apprentissage. Dès lors, comme le requièrent les principes de l’art de la mémoire, qui connaît également une grande résurgence à partir du xii e siècle 40, localiser le contenu d’une étape sous la forme d’une image et/ou d’un texte devient un outil pour accéder à la sagesse. Progresser visuellement et mentalement à l’aide de l’image d’un arbre répartiteur devient ainsi une habitude propédeutique, axiologique et spirituelle fondée sur l’activité de la mémoire : dès lors que le lecteur/spectateur maîtrise suffisamment l’image pour la visualiser mentalement, il en dispose comme d’un outil cognitif acquis et peut se passer de sa matérialité.

26espaces savantslieuarchivesL’accroissement du recours aux arbres répartiteurs se poursuit au xiii e siècle, conjointement à la traduction et à la diffusion d’écrits d’art de la mémoire, au renforcement de la pensée encyclopédique, à l’augmentation de la production d’écrits archivistiques41 – d’une telle ampleur qu’elle est parfois qualifiée de « révolution42 » – et, surtout, à la constitution de l’université. Professeurs, prédicateurs, juristes, médecins, nombreux sont ceux qui exploitent les potentialités mnémotechniques des arbres répartiteurs, auxquels ils confèrent une variabilité formelle et figurative considérable. Dans la littérature profane également, il n’est pas rare que le modèle de l’arbre structure des trames narratives à des fins initiatiques et exemplaires43. Une telle profusion exprime, d’une part, un besoin croissant de classification et d’ordonnancement de l’activité de l’esprit, et, d’autre part, une association, caractéristique de la culture médiévale, de tels outils classificatoires avec l’accomplissement moral et la vie profane [fig. 7]. Du point de vue matériel, elle est en grande partie due au fait que les livres (qu’il s’agisse de copies d’autorités ou manuels) sont plus accessibles au xiii e siècle qu’au xii e, essentiellement parce que les ateliers de copistes universitaires et les scriptoria monastiques et conventuels se multiplient. En d’autres termes, la matérialisation des arbres répartiteurs augmente en même temps que les media s’organisent de façon à diffuser le savoir facilement, rapidement et à moindres frais.

27construction des savoirséducationpédagogieCette augmentation en nombre se produit dès le début du xiii e siècle et se poursuit jusqu’au xvi e, conjointement à l’intensification des préoccupations des pédagogues concernant la fiabilité et l’organisation de la mémoire44. Au cours de ces trois siècles, les maîtres produisent, à destination des étudiants, de nombreux outils heuristiques et didactiques qui ont manifestement pour objectif de faciliter la mémorisation – gloses, florilèges, index, répertoires, concordances, liste de mots ou dictionnaires45. Ces outils, qui exploitent fréquemment les potentialités heuristiques des arbores [fig. 8 et 9], deviennent progressivement les marques symboliques de la validité épistémique d’un raisonnement ou d’un discours.

Ordre et raisonnements, matérialisation et modélisation

28À ce point de la réflexion, une remarque s’impose quant au rôle que les arbres répartiteurs jouent effectivement dans la matérialité des raisonnements. De fait, ces arbres exercent essentiellement une fonction heuristique : ils matérialisent l’organisation des savoirs, des récits, des histoires ou encore des généalogies afin d’en mettre au jour la trame pour en faciliter l’assimilation. Dans la plupart des cas, cette organisation reflète un ordre du monde dans lequel les savoirs occupent une place précise les uns par rapport aux autres, mais ne rend pas compte, stricto sensu, du déploiement d’un raisonnement d’ordre logique.

29Dans les domaines épistémiques dans lesquels des arbres répartiteurs interviennent (les arts libéraux, les sciences naturelles, mais aussi d’autres champs organisés du savoir, comme l’alchimie), seulement deux utilisent des arbres répartiteurs pour matérialiser des raisonnements logiques. Le premier est celui la logique, dans laquelle des arbres rendent compte de procédés tels que l’induction ou la déduction, de dichotomies, de parallélismes, bref de toutes sortes d’opérations mentales qui permettent de définir les rapports qu’au moins deux éléments entretiennent entre eux [fig. 1 et 2]. Le second, très peu étudié, est celui de la médecine, qui use à plusieurs reprises d’arbres répartiteurs pour matérialiser la démarche conduisant le médecin à établir un pronostic et/ou un diagnostic, voire des protocoles prophylactiques ou thérapeutiques en fonction de l’état de son patient [fig. 10]. À ces deux domaines épistémiques (le premier relevant du champ d’effectivité de la cognition, le second de celui de l’éthique) s’en ajoute un troisième : celui de la prédication (qui relève du champ d’effectivité de la spiritualité), pour lequel certains arbres matérialisent à destination des prédicateurs une trame narrative et argumentative qu’ils peuvent réemployer pour élaborer leurs propres discours parénétiques [fig. 11].

30Quoi qu’il en soit, les arbres répartiteurs médiévaux donnent à voir des contenus finis, qui reflètent l’éternité et l’immuabilité de l’ordre du monde. Au Moyen Âge, selon le principe aristotélicien de l’« anagkè stènai 46 » (« il est nécessaire de s’arrêter »), l’infinité, y compris celle des raisonnements, est impensable. Or, contrairement à l’horizontalité, qui rend toujours possible l’ajout d’un niveau de subdivisions, la verticalité l’interdit formellement : au moins du point de vue métaphorique (mais la métaphorologie de Blumenberg incite à prendre en compte la très grande puissance informatrice des métaphores), l’arbre répartiteur vertical se heurte nécessairement à la terre d’un côté (même si, dans certains cas, les racines en occupent les entrailles) et aux régions célestes de l’autre – des régions dont l’harmonie principielle ne requiert aucun artifice organisateur, puisque tout y est déjà en ordre.

31Ce constat ne doit pas éclipser le fait que les manuscrits médiévaux, surtout à partir du xiii e siècle, matérialisent souvent des distinctiones par le biais de délinéations graphiques, qui prennent la forme de graphes stemmatiques horizontaux47. En mettant en relation des phrases, des syntagmes ou des vocables (jamais d’images) qu’aucune loge ne contient, l’objectif de ces graphes est de matérialiser les liens de cause à effet, de généalogie ou de hiérarchie, qui opèrent souvent au cours de l’exposition d’un raisonnement (parfois en tant que prise de notes lors de la lecture). Bien que les éditions modernes des textes médiévaux ne les prennent quasiment jamais en compte, et que les historiens ne leur aient que très rarement accordé d’attention48, ces graphes constituent des éléments à part entière de la matérialité des savoirs : en plus de matérialiser des raisonnements et/ou des processus, ils constituent des modèles mentaux qui encouragent l’activité intellectuelle.

32Prises en considération parallèlement aux arbres répartiteurs qui matérialisent des raisonnements en logique, médecine et prédication, ces délinéations graphiques encouragent à envisager les liens entre les raisonnements et la matérialité sous l’angle de la stimulation réciproque. D’une part, la matérialisation en arbre d’un raisonnement peut en augmenter le pouvoir de diffusion et d’assimilation par son destinataire. D’autre part, l’existence du modèle de l’arbre nourrit incontestablement le déploiement des raisonnements. De ce point de vue, une distinction terminologique et conceptuelle est susceptible d’être d’une grande fécondité. En effet, dans le premier cas, le passage du raisonnement immatériel à la matérialité de l’image et/ou du texte relève bien d’un processus de matérialisation. Mais, dans le second, c’est la matérialité pré-existante d’images et/ou de textes dans l’environnement visuel et cognitif des hommes du Moyen Âge qui les conduit à réexploiter le modèle : prendre en compte cette considération – ce qui relève en propre d’une éco-critique de la pensée –, conduit à définir ce processus de reproduction matérielle (mais qui peut également être d’ordre purement mental) non simplement comme une matérialisation, mais également comme une modélisation.

Les arbres répartiteurs et la matérialisation des raisonnements au prisme de la modernité

33Dès lors, qu’advient-il de la stimulation réciproque entre raisonnement et matérialité au début de l’époque moderne, alors que les humanistes sont nombreux à formuler leurs réticences quant à l’efficacité didactique des arbres répartiteurs tels qu’ils circulent au Moyen Âge ?

34À partir du xv e siècle, les habitudes visuelles et les systèmes de pensée médiévaux entrent en contact avec la réforme des institutions et des modalités d’enseignement qui, d’une part, puise dans le visuel une méthode supposément nouvelle d’accès au savoir et, d’autre part, témoigne de la volonté de rendre compte visuellement d’un raisonnement en cours pour constituer un savoir en science49. Pourtant, force est de constater qu’au début de l’époque moderne, le nombre de structures en arbre qui circulent afin d’être enseignées et apprises excède largement celui du Moyen Âge. Bien que, du point de vue formel, figuratif et théorétique, ces structures diffèrent des médiévales, les humanistes ne mettent donc pas un terme à la matérialisation en arbre de toute sorte d’activités mentales à des fins mnémotechniques.

35En revanche, à partir du deuxième tiers du xv e siècle, il est indéniable que ce processus de matérialisation connaît un changement épistémologique majeur. La majorité des structures en arbre qui matérialisent les divisiones scientiae change en effet d’orientation : verticales au Moyen Âge, elles deviennent de plus en plus horizontales50 [fig. 12]. Ce changement épistémologique s’accompagne d’un changement formel et figuratif notable : alors qu’au Moyen Âge, la majorité des divisiones scientiae prenaient la forme d’arbres répartiteurs enclosant les images et/ou les textes qu’ils répartissaient dans des cadres localisants [fig. 3, 4 et 7], les divisiones scientiae modernes adoptent majoritairement la forme et la figuration de graphes stemmatiques [fig. 12]. En d’autres termes, lorsqu’il s’agit de matérialiser des divisiones scientiae, les arbres répartiteurs s’estompent quantitativement au profit des graphes stemmatiques. En revanche, ce changement n’affecte pas les arbres répartiteurs qui, au Moyen Âge, matérialisaient des raisonnements systématiques et/ou protocolaires dans les domaines de la logique, de la médecine et de la prédication. Pour en comprendre les raisons et les effets, un bref panorama des réformes des institutions pédagogiques et de l’environnement visuel épistémique des premiers humanistes est nécessaire.

36typologie des savoirsdisciplinesdivisions historiques des savoirshumanismeAu xv e puis surtout au xvi e siècle, accéder visuellement à la connaissance et favoriser l’enseignement et l’apprentissage est au cœur des débats qui animent les nouveaux pôles de savoir51, tels les studia humanitatis. De leur côté, les universités accueillent un grand nombre d’étudiants au xv e siècle et, tout en continuant à diffuser des arbres répartiteurs verticaux, prennent activement part au développement de la pensée humaniste. Du point de vue cognitif, cette dernière se fonde sur une exigence : celle de transmettre des contenus avec les plus grandes clartés et universalités afin de garantir aux élèves la plus grande autonomie possible. Pour ce faire, les humanistes recourent très fréquemment à toute sorte de figures répartitrices. Celles qui s’inspirent du modèle de l’arbor s’apparentent beaucoup à des distinctiones médiévales en reliant des syntagmes ou des vocables par un réseau de délinéations graphiques horizontal fondé sur un principe dichotomique.

37Pourtant, bien que leur usage ne soit pas nouveau, de telles figures s’accompagnent souvent d’un discours qui vante leur efficacité en arguant de leur nouveauté. C’est le cas, par exemple, du lettré Francesco Robortello (1516-1567), qui donne à voir la totalité de son cours à travers une figure structurée en arbre52 ayant pour objectif que « tout ce sur quoi on peut discuter sur [la rhétorique] apparaîtra de manière adéquate à sa place53 ». Cette figure n’est pourtant rien de plus qu’une divisio scientiae de la rhétorique, qui permet au lecteur/spectateur d’identifier et de hiérarchiser ses composantes, telle qu’il en existe sans interruption depuis l’Antiquité tardive. Bien que, de manière tout à fait topique dans les écrits modernes pourvus de figures répartitrices, Robortello revendique la nouveauté de sa méthode, la seule véritable différence qui singularise sa figure par rapport aux divisiones de la rhétorique médiévale (qui, dans de très rares cas, adoptaient aussi une orientation horizontale) est d’ordre épistémologique. Avec une figure de ce type, en effet, l’instruction ne se pense plus comme un cheminement allant du bas vers le haut sur le modèle de l’élévation spirituelle, mais comme un approfondissement linéaire (ou plurilinéaire) allant de la gauche vers la droite, sur le modèle traditionnel de la lecture occidentale.

38construction des savoirsvalidationexpérimentationDe ce point de vue, le passage de la verticale à l’horizontale participe d’un processus que l’on pourrait qualifier de passage du speculum au theatron, autrement dit du passage d’un moment (médiéval) où l’homme élabore un miroir mnémonique du monde (speculum) sans qu’il lui soit possible d’y prendre part activement, à un moment (moderne) où, s’étant approprié un pouvoir organisationnel sur sa propre société, l’homme élabore lui-même le dispositif heuristique (theatron) qui permet de comprendre universellement une matière donnée. Progressivement, durant le deuxième tiers du xvi e siècle, alors que l’observation et l’expérience remplacent la lecture inconditionnelle des autorités et constituent de nouvelles grilles heuristiques à travers lesquelles percevoir le monde, l’horizontalisation des divisiones scientiae s’accentue. Il est fort probable que cette accentuation soit un épiphénomène du passage de l’experientia médiévale – qui produit une connaissance fondée sur des constats – à l’experimentum moderne – qui consiste à mettre les savoirs à l’épreuve de l’expérimentation afin de comprendre leur nature et leur fonctionnement54 – un passage que l’historiographie a longtemps considéré, à la suite de Thomas Kuhn, comme une « Révolution scientifique55 ».

39espaces savantslieuuniversitéAu sein de la vaste réorganisation des savoirs et des raisonnements qui caractérise la première modernité, la multiplication des structures en arbre résulte de l’accentuation de la vulgarisation des savoirs. De ce point de vue, leur banalisation relève des mêmes présupposés de transmission que l’augmentation du nombre des bibliothèques publiques, des jardins botaniques, des observatoires ou encore des librairies. Quant à leur réception, elle concorde avec le phénomène de la peregrinatio academica, c’est-à-dire, à partir du xv e siècle, la venue dans les grandes universités de France et surtout d’Italie d’étudiants du nord$56. Les études universitaires se perçoivent de plus en plus comme l’occasion d’un voyage, dont les découvertes et les rencontres valent autant, sinon plus, que les connaissances accumulées. Les structures en arbre modernes participent assurément de cette nouvelle manière d’envisager l’instruction et l’éducation : elles ne matérialisent plus la nécessité d’assimiler des contenus figés, mais témoignent de l’attrait de la nouveauté, de l’élaboration des savoirs et de la progression vers un inconnu à explorer.

40inscription des savoirslivreimpriméDu reste, un dispositif technique d’une aussi grande ampleur et d’une aussi vaste incidence sur l’histoire des savoirs57 que celui de l’imprimerie, est-il susceptible d’avoir joué dans la matérialisation des raisonnements en arbre ? Sans cristalliser l’ensemble des mutations culturelles et intellectuelles de la Renaissance sur l’imprimerie en tant que « révolution technologique58 », la culture de l’imprimé induit assurément un rapport renouvelé au mot et à l’image ainsi qu’à la conservation des savoirs. Comme à l’époque carolingienne, au cours de laquelle les diagrammes mnémotechniques connaissent un accroissement considérable en même temps que des réformes administratives renforcent le fondement écrit de la société, l’imprimerie a pour conséquence de dynamiser l’apprentissage et l’assimilation de connaissances en accroissant l’accès aux structures en arbre.

41Le premier arbre imprimé apparaît en 1543, à la fin des analyses dialectiques du pleur de Pénélope dans les Dialecticae institutiones 59 de Pierre de la Ramée, mais leur nouveau support imprimé ne paraît pas déterminant dans l’horizontalisation progressive des structures en arbre. De fait, les premiers imprimés ne diffèrent pas beaucoup des manuscrits médiévaux : les incunables sont conçus comme des unica, et conservent le fonctionnement pratique d’un manuscrit. En revanche, les pratiques de lecture induites par le livre imprimé sont, quant à elles, susceptibles d’avoir accentué le changement d’orientation : au Moyen Âge, les codices se parcourent de manière linéaire mais fractionnée en fonction de renvois d’un folio à un autre, des allées et venues d’un écrit à un autre – ce qui est très cohérent avec leurs contenus les plus fréquents, à savoir des recueils d’autorités ou des textes scripturaires qui ne requièrent pas d’être lus en continu du début à la fin. Le livre imprimé, quant à lui, se diffuse alors que l’apprentissage excède la seule lecture des autorités : les ouvrages écrits au xv e siècle, qui requièrent une lecture suivie attentive, sont souvent eux-mêmes imprimés. Le changement concerne donc moins la nature manuscrite ou imprimée du support livresque que son contenu : l’accès au savoir ne s’envisage plus comme une élévation intellectuelle, mais comme la découverte progressive de ce que contient la page suivante.

De l’arbre à l’arborescence : « du monde clos à l’univers infini » ?

42En 1957, lorsqu’il publie une version étoffée de ses Noguchi Lectures sous le titre From the closed World to the infinite Universe 60, Alexandre Koyré revient sur le constat d’une Révolution scientifique à la charnière du xvi e et du xvii e siècle. En accord61 avec la tradition historiographique qui, comme le souligne abondamment Michel Foucault62, traque, surtout depuis les années 1920, les évènements, les crises et les ruptures dans l’histoire des savoirs et des sciences, Alexandre Koyré repère les « conversion[s]63 », les « remplacement[s]64 », les « découverte[s]65 » qui, progressivement, auraient fait la modernité : le passage d’une theoria à une praxis, d’une scientia contemplativa à une scientia activa, ou d’un schéma explicatif « téléologique et organismique66 » à un schéma « causal et mécaniste67 ». De tels changements, dont il avait déjà repéré les prémices dans ses Études galiléennes 68, témoignent en fait, estime-t-il, « d’expressions et de concomitants d’un processus plus profond et plus grave69 », qui relèverait surtout d’un passage « du monde anthropocentrique du Moyen Âge70 » à l’« univers […] infini71 » qu’entrevoit l’astronomie moderne. En d’autres termes, ces changements ne désigneraient rien de moins que « la destruction du monde conçu comme un tout fini et bien ordonné, dans lequel la structure spatiale incarnait une hiérarchie de valeur et de perfection72 », au profit d’un « Univers indéfini, et même infini, ne comportant plus aucune hiérarchie naturelle et uni seulement par l’identité des lois qui le régissent dans toutes ses parties73 ». Ainsi l’homme de la première modernité aurait-il connu – ou produit – un bouleversement essentiel dans sa perception du monde, un bouleversement qui aurait eu comme premières conséquences de lui ôter ses repères spatio-temporels, qu’Alexandre Koyré énumère brièvement : « valeur, […], perfection, […] harmonie, […] sens ou […] fin74 ». En somme, la Révolution scientifique aurait opéré un « divorce total entre le monde des valeurs et le monde des faits75 ».

43construction des savoirsépistémologieparadigmeS’il est probant de considérer que le xvi e siècle est à l’origine d’un changement paradigmatique aussi radical, il est indispensable de constater que ce changement, loin de concerner seulement les sciences appliquées au Cosmos, concerne aussi en profondeur les schèmes de pensée et les structures mentales qui président à l’élaboration des savoirs et des sciences. Alexandre Koyré, d’ailleurs, le remarque bien : avec la Révolution scientifique, l’homme aurait « perdu sa place dans le monde [voire] le monde même qui formait le cadre de son existence et l’objet de son savoir76». Surtout, il aurait « dû transformer et remplacer non seulement ses conceptions fondamentales mais jusqu’aux structures mêmes de sa pensée77 ».

44pratiques savantespratique corporelleperception pratiques savantespratique intellectuellemémorisationBien qu’elle confine dangereusement à la téléologie, et qu’elle dessaisisse par ailleurs l’homme de son pouvoir d’organiser sa propre société et ses propres schèmes de pensée, cette affirmation d’Alexandre Koyré recoupe toute réflexion sur la nature mnémotechnique des structures en arbre et sur leur évolution dans le temps. De fait, si les arts de la mémoire et les structures en arbre sont étroitement imbriqués depuis l’Antiquité latine jusqu’à la fin du xvi e siècle, seul le dernier tiers du xv e siècle modifie intimement, et sur le long terme, leur orientation. Bien qu’elles aient connu de nombreuses modifications au fil du temps, ni le passage de l’Antiquité au Moyen Âge, ni l’époque carolingienne, ni la prétendue renaissance du xii e siècle (qui constituent pourtant des pivots majeurs de leur histoire) n’apportent à leur figuration, à leur efficacité et à leur opérationnalité des changements aussi importants que ce qui, dans le dernier tiers du xv e siècle, est en train de se définir comme une « modernité ». En outre, le changement d’orientation des structures en arbre témoigne bien d’un changement dans la perception du fonctionnement de la pensée : ces structures ont désormais pour fonction, non plus de donner à voir un ordre du monde, une « hiérarchie naturelle78 », mais de figurer un processus en cours, dont les « composants ultimes [sont] placés, tous, au même niveau ontologique79 » – ce qu’Alexandre Koyré réserve à l’Univers infini.

45C’est le passage, sinon du monde clos à l’univers infini, du moins de l’arbre à l’arborescence. Il est d’ailleurs significatif que la première occurrence du terme « arborescence » apparaisse au sujet d’une plante, le tithymale arborescent, dans un ouvrage de botanique écrit en français en 1533 80. Pour Alexandre Koyré, qui étudie le début de la période moderne dans ses Études galiléennes, il s’agit à ce moment-là d’une « préhistoire [à] la grande révolution81 » – autrement dit, d’un moment vague et indéterminé, qui ne disposerait même pas des outils pour écrire (comme le fait la modernité postérieure à la Révolution scientifique) sa propre histoire. Or, il est impossible de penser l’infinité de la matière ou l’infinité d’un processus avant Descartes – et donc impossible de considérer que les structures en arbre du dernier tiers du xv e siècle se détachent fermement d’une conception close et ordonnée du Cosmos –, il est frappant de constater que le changement de paradigme dont témoigne le changement d’orientation de ces structures rejoint la définition qu’Alexandre Koyré propose de la modernité. Toutefois, contrairement à la temporalité qu’il attribue à la modernité – « un processus profond82 », mais minime à l’échelle de l’histoire des savoirs et des sciences –, ce changement ne se révèle ni sur le temps court, ni sur le temps long. Plus largement, il paraît surtout relever de la saturation de l’effectivité d’un modèle qu’il faut, sinon détruire, du moins reconfigurer. Parce qu’il semble vieilli et usé jusqu’à l’épuisement de son opérativité théorétique et épistémique, l’artefact de l’arbor requiert une autre figuration pour continuer à opérer avec efficacité. Du point de vue épistémologique, il est dès lors inutile de recourir à un continuum historique, ou, à l’inverse, de chercher à repérer une fracture dans le temps, pour désigner un processus qui, tout en étant situé dans le temps et dans l’espace, s’apparente plus à une littérale reconfiguration.

Conclusion

46S’interroger sur le rôle que les structures en arbre jouent dans la matérialité des raisonnements conduit, en somme, à s’interroger sur leur effectivité en tant que schèmes de pensée, et donc sur la chronologie du rapport qu’ils entretiennent avec leur contenu : adopte-t-on une structure en arbre parce qu’elle convient particulièrement bien à l’objet que l’on veut mémoriser, ou modélise-t-on l’objet en fonction d’une structure en arbre – ce qui fait toujours courir le risque d’attribuer à l’objet une signification supérieure et/ou différente ? Une telle problématique appelle, selon nous, à examiner l’opérativité de la notion d’appareil.

47construction des savoirsépistémologietechniqueEn 2008, dans la présentation du premier numéro de la revue Appareil, qui paraît sous sa direction, Jean-Louis Déotte remarque la nécessité de penser les appareils comme des « dispositifs techniques […] qui, dans un premier temps, constituent les conditions des arts, époque après époque83 ». Il envisage surtout des dispositifs de l’époque moderne, sans lesquels « il serait bien difficile de dire ce que seraient les arts pris en eux-mêmes », car le fait que « les arts soient appareillés de telle ou telle manière entraîne nécessairement que la sensibilité commune prenne tel ou tel pli : c’est une affaire d’accueil de l’évènement mais aussi d’apparat et de posture84 ».

48Tout appareil suppose une technique. Envisager l’appareillage de la mémoire par une structure en arbre implique de prendre en compte la nécessité de maîtriser une téchnè. Cette téchnè est à l’œuvre du point de vue pédagogique, didactique, anagogique et axiologique : quel que soit son objectif, la structure en arbre est un outil efficace pour transmettre et apprendre un savoir à partir du moment où on la mémorise autant que l’on mémorise son contenu. La question se pose différemment en ce qui concerne son efficacité heuristique : il importe souvent plus de mémoriser la structure que de mémoriser le contenu. C’est elle en effet qui révèle, qui met au jour des relations, des trames, des liens intrinsèques et invisibles entre au moins deux éléments – des liens qui préexistent à l’élaboration de la structure elle-même puisqu’ils s’inscrivent dans un ordo cosmique. Pour cette raison, une structure en arbre ne peut s’envisager exclusivement comme un schème. Le schème présuppose en effet d’avoir intégré, au préalable, un modèle structurel propre à accueillir des contenus différents sur le même mode cognitif, par la même opération de l’esprit. La structure en arbre, quant à elle, est ce qui fabrique le schème. Dans la chronologie du façonnage métacognitif de la mémoire, elle est ce qui précède l’établissement du schème : elle constitue précisément ce qui appareille la mémoire afin de la rendre réceptive aux contenus qu’elle révèle (et, souvent, renouvelle), en instaurant entre eux des liens spécifiques.

49Dès lors, qu’en est-il de la nature de cet appareil ? Son efficacité cognitive se double-t-elle d’une sémiotique spécifique – l’appareil est-il signifiant en lui-même ? Le fondement heuristique des structures en arbre conduit à répondre à cette question par l’affirmative. Leur capacité à rendre visibles des liens invisibles, ainsi qu’à les inscrire dans la mémoire, présuppose en effet nécessairement que le spectateur procède, d’une manière ou d’une autre, à une herméneutique figurative : le sens de ces structures n’est pas donné, les processus qu’elles matérialisent ne vont pas de soi, et les rapports qu’elles révèlent entre les savoirs et la place que chacun d’entre eux occupe ne peuvent s’entendre sans examiner précisément la nature des liens qui les unissent. En somme, les structures en arbre sont actives, et signifiantes en elles-mêmes : leur forme s’adapte à la réalité qu’elles matérialisent, symbolisant ainsi des liens invisibles et immatériels, qui ne peuvent pas apparaître sous le régime figuratif de la mimèsis. Les structures en arbre matérielles constituent donc nécessairement un ajout formel et figuratif à l’objet dont elles donnent à voir le maillage.

50Dès lors, les structures en arbre rejoignent la définition de l’appareil que propose Jean-Louis Déotte 85 : elles appareillent la mémoire d’un maillage plurilinéaire signifiant, au sein duquel elles spatialisent un contenu qui est rendu cohérent par la nature même des liens logiques qui les sous-tendent. Jean-Louis Déotte envisage surtout les productions techniques qui apparaissent sous le régime de la projection – ce qu’il appelle des « appareils projectifs », « ces dispositifs techniques de la modernité comme la perspective, la camera obscura, le musée, la photographie, le cinéma, la cure psychanalytique, etc. 86 ». D’une certaine façon, les structures en arbre constituent des « appareils projectifs », mais dont l’objet se trouve à l’intérieur, et non à l’extérieur, de celui qui les regarde : elles n’appareillent pas le monde extérieur ; elles appareillent la mémoire.

51La notion d’appareil paraît d’autant plus appropriée aux structures en arbre qu’elle présuppose nécessairement une temporalité. Avec les appareils, écrit Jean-Louis Déotte, « c’est notre rapport à la temporalité qui change et donc la figure du passé, ou ce qu’on attend de l’avenir87 » : l’appareil norme la perception et se superpose donc à la perception du temps. Or, c’est exactement ce que font les structures en arbre : en favorisant l’apprentissage de contenus épistémiques, en guidant la lecture, en produisant des étapes mentales afin de progresser vers la sagesse, en modélisant des processus, elles projettent leur maillage sur la perception spatio-temporelle du lecteur/spectateur, et présupposent nécessairement d’accéder dans le temps et dans l’espace aux souvenirs localisés dans l’ordre dans la mémoire. En d’autres termes, elles accomplissent l’une des fonctions essentielles de l’appareil : elles « rapproch[ent] selon un principe d’appariement ce qui, jusqu’alors, était hétérogène dans la multiplicité88 ».

Figure 1. Figure 1 - Arbor porphyriana (arbre dit « de Porphyre »)

52Anonyme, xiv e siècle, probablement d’origine française, provenance inconnue. Paris, Bibliothèque nationale de France, ms. Lat. 6657, f. 4r.

Figure 2. Figure 2 - Arbor porphyriana (arbre dit « de Porphyre »)

53Anonyme, 1484, probablement d’origine française, provenance inconnue. Paris, Bibliothèque Mazarine, ms. 3795, f. 10r

Figure 3 - Arbre de la philosophie et
                  des arts libéraux
Figure 3. Figure 3 - Arbre de la philosophie et des arts libéraux

54Andrea Bartoli, 1339-1340, Florence ou Milan, possession de Bruzio Visconti.

55Chantilly, Musée Condé, ms. 599, f. 10v.

Figure 4 - Arbre de la
                  grammaire
Figure 4. Figure 4 - Arbre de la grammaire

56Maître du Méliacin (attr.), entre 1309 et 1316, origine italienne, probablement à destination de Francesco Caracciolo de Naples, chancelier de Paris.

57Londres, British Library, ms. Burn. 275, f. 94r.

Figure 5 - 
                    (arbre de consanguinité)
Figure 5. Figure 5 - Arbor consanguinitatis (arbre de consanguinité)

58Anonyme, milieu ou troisième quart du xiii e siècle, élaboré à Paris, provenance inconnue.

59Vendôme, Bibliothèque municipale, ms. 81, f. 308r.

Figure 6 - 
                    
                  (arbre d’affinité)
Figure 6. Figure 6 - Arbor affinitatis (arbre d’affinité)

60Anonyme, milieu ou troisième quart du xiii e siècle, élaboré à Paris, provenance inconnue.

61Vendôme, Bibliothèque municipale, ms. 81, f. 309r.

Figure 7 - 
                    
                  (arbre des arts libéraux)
Figure 7. Figure 7 - Arbor sapientiae (arbre des arts libéraux)

62Maître de Fauvel (?), première moitié du xiv e siècle, origine française, provenance inconnue.

63Paris, Bibliothèque nationale de France, ms. Ars. 1037, f. 5v.

Figure 8 - Figures
                  astronomiques
Figure 8. Figure 8 - Figures astronomiques

64Anonyme, xiv e siècle,

65Paris, Bibliothèque Nationale de France, ms. NAL 1401, f. 40r-40v.

Figure 9 - Graphe stemmatique
Figure 9. Figure 9 - Graphe stemmatique

66Anonyme, xiii e siècle, origine inconnue, provenance inconnue.

67Moulins, Bibliothèque municipale, ms. 42, f. 57r.

Figure 10 - Arbre-roue des
                  urines
Figure 10. Figure 10 - Arbre-roue des urines

68Anonyme, xv e siècle, probablement d’origine française, provenance inconnue.

69Paris, Bibliothèque nationale de France, ms. Lat. 11229, f. 19v.

Figure 11 -  (arbre de
                  prédication)
Figure 11. Figure 11 - Arbor de arte sive modo praedicandi (arbre de prédication)

70Anonyme, 1448, probablement d’origine italienne, à destination des ducs de Milan.

Figure 12 - Graphe stemmatique des
                  sciences mathématiques de la quantité
Figure 12. Figure 12 - Graphe stemmatique des sciences mathématiques de la quantité

71Anonyme, xv e siècle, origine et provenance inconnues.

72Bâle, Öffentliche Bibliothek der Universität, ms. F II 8, f. 45r.

Notes
1.

Sur la localisation anatomique de la mémoire dans l’Antiquité, voir Simondon, 1982, p. 170-180 ; Baroin, 2010, p. 50-66 ; Virenque, 2019. Pour le Moyen Âge, voir Carruthers, 1990 (2002), p. 75-123.

2.

Aristote, De l’âme, III, 15.

3.

Voir notamment Blumenberg, 1960 (2006). Pour une réflexion monographique sur la métaphorologie de Hans Blumenberg, voir Guiderdoni, 2021.

4.

Blumenberg, 1979 (1994), p. 106.

5.

Ibid., loccit..

6.

Blumenberg, 1960 (2006), p. 11.

7.

Ibid., loccit..

8.

Ibid., p. 24-25

9.

Lakoff et Johnson, 1980 (1986).

10.

Aristote, Métaphysique, A, 1, 980b30.

11.

Sur la mémoire dans l’Antiquité entre philosophie, médecine et rhétorique, voir Simondon, 1982 ; Baroin, 2010 ; Virenque, 2019.

12.

Voir, par exemple, Anonyme, Rhétorique à Hérennius, III, 28-40 et Cicéron, De l’orateur, II, LXXXVII, 357 à LXXXVIII, 360.

13.

Sur l’art de la mémoire dans l’Antiquité, voir principalement Rossi, 1960 (1993) ; Yates, 1966 (1975) et Baroin, 2007.

14.

Blumenberg, 1960 (2006), p. 10.

15.

Sur le rôle du ductus dans la discipline monastique, voir Carruthers, 1998 (2002), passim.

16.

Sur la fabrication de la pensée médiévale, voir ibid ., p. 11.

17.

Voir notamment Esmeijer, 1978 ; Bolzoni, Erlindo et Morelli, 1998 ; Wessel et Stumpel, 1999 ; Bolzoni, 2002 ; Beecher et Williams, 2009; Busse Berger et Rossi, 2009 ; Wetzel et Flückiger, 2009 ; Carruthers, 2010; Doležalová, 2010 ; Karnes, 2011 ; Schapiro, 2000 (2011).

18.

Le terme se déploie surtout à partir de 1981, où il se retrouve sous la plume de William Mitchell. Voir Mitchell, 1981. Sur le développement de la diagrammatologie, voir notamment Ferri, 2021 ; Virenque, à paraître.

19.

Le terme même de « diagrammatologie » et ses dérivés apparaissent eux-mêmes de plus en plus dans les intitulés de communications scientifiques, parfois même lorsque ces dernières ne visent pas à définir ce qu’est un diagramme. Une telle pratique atteste l’actualité et l’existence factuelle d’un champ d’investigation scientifique en tant que tel. Voir, par exemple, Ferri, 2020 ou Nanni, 2021.

20.

Pour un panorama général sur le modèle organisationnel de l’arbre au Moyen Âge, voir Klapisch-Zuber, 2000.

21.

Il n’existe aucune définition précise et consensuelle d’un diagramme. Nous avons longuement abordé ce point dans Virenque, à paraître.

22.

Le même problème se pose pour les graphes stemmatiques (voir ibid.).

23.

Sur les distinctiones au Moyen Âge, voir en particulier Evans, 1980 (2012), § 2.4-3.3. Voir également Even-Ezra, 2019. Dans cet article très stimulant, Ayelet Even-Ezra n’établit pas la distinction que nous proposons entre les figures répartitrices qui enclosent leurs contenus et celles qui, comme les graphes stemmatiques, ne les enclosent pas. Elle qualifie de façon générique les distinctiones de diagrammes. Sur la pensée délinéatrice au Moyen Âge, voir Even-Ezra, 2021.

24.

Sur les stemmata et la représentation graphique des liens de parenté dans la culture romaine, voir Klapisch-Zuber, 2000, p. 20-23. Sur le recours métaphorique au végétal dans la culture romaine de la généalogie, voir Bretin-Chabrol, 2012.

25.

Pour une définition précise de l’arbor, voir en particulier Klapisch-Zuber, 2009, p. 433.

26.

Sur l’arbre de vie comme axis mundi au Moyen Âge, voir Klapisch-Zuber, 2000, p. 220. Pour une étude plus transversale de l’arbre de vie comme pilier cosmique, voir Eliade, 1940, p. 240-244 ; Eliade, 1949, p. 30-37 ; Eliade, 1952, p. 219.

27.

Sur l’usage des diagrammes dans l’Antiquité, voir Klapisch-Zuber, 2000, p. 29.

28.

Sur le modèle formel et figuratif de l’arbre de Porphyre au Moyen Âge, voir notamment Verboon, 2008, p. 251-268 ; Verboon, 2014, p. 95-116. Sur ses caractéristiques sémiotiques, philosophiques et théorétiques, voir Eco, 2007 (2010), p. 18-45.

29.

Porphyre de Tyr, Isagoge, 2.

30.

Sur l’arbor porphyriana qui accompagne la traduction et le commentaire de l’Isagoge de Boèce, voir Verboon, 2008, passim.

31.

Sur la divisio philosophiae ou scientiae dans l’Antiquité, voir Hadot, 2014, p. 25-53. Sur sa mise en arbre durant le haut Moyen Âge, Harðarson, 2015, p. 5-11. Sur la théorisation au Moyen Âge, voir Dahan, 1990 et Weijers, 1996, passim.

32.

Sur la naissance des arbores juris ou consanguinitatis, voir Klapisch-Zuber, 2000, p. 23-26 et 36-43 ; Schadt, 1982, passim.

33.

Sur l’histoire de la végétalisation des arbores juris, voir Klapisch-Zuber, 2009, p. 435.

34.

Sur l’arbre dans le renouveau des études carolingiennes du ix e au xii e siècle, voir Klapisch-Zuber, 2000, p. 34-36.

35.

Aucune structure arborescente datant d’avant le xi e siècle ne nous est parvenue.

36.

Hugues de Saint-Victor, De tribus maximis circumstantiis gestorum, Diane Meur. Pour le texte latin, voir Hugues de Saint-Victor, De tribus maximis circumstantiis gestorum, William Green : « Et haec consideratio quomodo ad discendum sit utilis audi  ».

37.

Hugues de Saint-Victor, De tribus maximis circumstantiis gestorum, Diane Meur. Pour le texte latin, voir Hugues de Saint-Victor, De tribus maximis circumstantiis gestorum, William Green : « In sola enim memoria omnis utilitas doctrinae consistit ».

38.

Hugues de Saint-Victor, De tribus maximis circumstantiis gestorum, Diane Meur.

39.

Sur l’art de la mémoire chez Hugues de Saint-Victor, voir en particulier Carruthers, 1990 (2002), principalement p. 124-162 ; Carruthers, 1998 (2002), passim ; Rivers, 2010, p. 45-71.

40.

Sur la résurgence de l’art de la mémoire au xii e siècle, voir Carruthers, 1990 (2002), passim ; Rivers, 2010, p. 27-71.

41.

Sur l’augmentation de la production d’écrits archivistiques, voir Cammarosano, 1991.

42.

Maire Vigueur, 1995.

43.

C’est le cas, par exemple, du Roman de Renart.

44.

Sur la prise en compte du fonctionnement de la mémoire dans les méthodes et les programmes universitaires, voir Weijers, 1996, p. 39-59.

45.

Sur les outils heuristiques produits à des fins propédeutiques dans le cadre universitaire, voir notamment Rouse, 1981 ; Weijers, 1991 ; Verger, 1999, p. 158-162.

46.

Cette expression apparaît à de nombreuses reprises dans les écrits d’Aristote. Voir, par exemple,Aristote, Seconds analytiques (Organon iv), 81b ; Aristote, Traité du ciel, 300b ; Aristote, La Physique, 207b, 256a, 257a et 262b.

47.

Sur cette différence d’orientation, voir Katzenellenbogen, 1939, p. 65 et Evans, 1980 (2012), § 3.2 à 3.4.

48.

Voir Evans, 1980 (2012), § 2.3 à 3.1.

49.

Sur la volonté de rendre visibles les savoirs à la Renaissance, voir Bolzoni, 1995 (2005), p. 8-55. Pour quelques exemples du recours à des structures en arbre dans un tel processus, voir ibid., p. 55-136.

50.

On trouve quelques prémisses de ce changement d’orientation à la fin du xiv e siècle. Voir, par exemple, Evans, 1980 (2012), fig. 5.

51.

Sur les pôles de production et de diffusion du savoir au début de l’époque moderne, voir Frijhoff, 1994.

52.

Cette figure sur trouve sur une affiche conservée au Musée Correr de Venise (fonds Donà delle Rose, inv. 447/29). Pour une reproduction, voir Sgarbi, 2016, p. 249. Sur la façon dont cette figure matérialise une divisio scientiae de la rhétorique, voir Sgarbi, 2016, p. 248-252.

53.

Cité par Bolzoni, 1995 (2005), p. 58. À la même page, Lina Bolzoni transcrit également le texte latin.

54.

Sur le passage de l’experientia à l’experimentum, voir Brioist, 2007.

55.

Kuhn, 1962.

56.

Sur les mobilités étudiantes, voir Riché et Verger, 2006, p. 251-256.

57.

Parmi les nombreuses études sur le rôle de l’imprimerie dans la circulation des savoirs au début de l’époque moderne, voir Chartier, 1981 ; Brioist, 2002, p. 4-5, 13 ; Chartier, 2015.

58.

Certains historiens du livre considèrent les rapports entre les mutations culturelles et intellectuelles et les inventions techniques à travers le prisme terminologique et conceptuel de la « révolution » et/ou du « progrès ». Voir, par exemple, Hébrard, 2001.

59.

Pierre de la Ramée, 1543.

60.

Koyré, 1957.

61.

Koyré, 1957 (1962), p. 10.

62.

Foucault, 1969, p. 12-13.

63.

Koyré, 1957 (1962), loccit..

64.

Ibid., loccit.

65.

Ibid., loccit.

66.

Ibid., loccit.

67.

Ibid., loccit.

68.

Koyré, 1939 (1966).

69.

Koyré, 1957 (1962), loccit.

70.

Ibid., p. 9-10.

71.

Ibid., p. 11.

72.

Ibid., loccit.

73.

Ibid., loccit.

74.

Ibid., p. 12.

75.

Ibid., loccit.

76.

Ibid., p. 11.

77.

Ibid., loccit.

78.

Ibid., loccit.

79.

Ibid., loccit.

80.

Bélon, 1553, i, 17 : « Nous y avons veu [en Grèce] le Tithymale arborescent, surnommé Dendroides » (dans la marge, Pierre Bélon écrit les noms de cette plante en latin : « Tithymalus arborescens » et « Dendroides »). Il est probable que Pierre Bélon (1518-1564) élabore l’adjectif « arborescent » à partir du verbe « arborescere » que Pline utilise à propos de la mauve royale (que les botanistes appellent lavatera arborea ou, en français, « lavatère arborescente », avant de lui attribuer le nom de malva arborea ou malva dendromorpha), cfPline L’Ancien, Histoire naturelle, XIX, xxii, 62 : « Des auteurs rapportent que, en Arabie, les mauves deviennent des arbres au bout de sept mois et qu’elles peuvent être utilisées comme des bâtons » (« Tradunt auctores in Arabia, malvas septimo mense arborescere baculorumque usum praebere », nous traduisons). Cet usage de la plante de la mauve comme « bâton » explique peut-être le fait que la botanique contemporaine applique généralement l’adjectif « arborescent » aux « plantes herbacées dont les tiges ou rameaux prennent la consistance de ceux des arbres », cfLittré, 1872-1877, p. 184. Pierre Bélon lui-même a soin, d’ailleurs, de préciser que le tithymale arborescent atteint « la hauteur de deux hommes, ayant le tronc de la grosseur de la cuisse », cfBélon, 1533, loccit.. Le terme disparaît de la terminologie botanique moderne et réapparaît au début du xix e siècle, cfMozin et al ., 1826, p. 91 : est arborescent ce « qui a le caractère, le port ou la forme d’un arbre ».

81.

Koyré, 1957 (1962), p. 14.

82.

Ibid ., opcit., p. 10.

83.

Déotte, 2008.

84.

Ibid.

85.

Ibid.

86.

Ibid.

87.

Ibid.

88.

Ibid.

Appendix A Bibliographie

  1. Baroin, 2007 : Catherine Baroin, « Techniques, arts et pratiques de la mémoire », in Mètis, 5, 2007, p. 135-160, https://books.openedition.org/editionsehess/2227?lang=fr.
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Appendix A.1 Sources

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